La méthode de discussion présentée ci-dessous vise à permettre une réflexion collective approfondie pour l'élaboration d'un texte, tout en maintenant la responsabilité propre de ceux qui sont chargés de prendre les décisions.
Il ne s'agit pas d'une utopie: j'ai pratiqué professionnellement cette méthode pendant de nombreuses années, comme responsable dans une administration centrale parisienne d'une commission à laquelle participaient des partenaires économiques et sociaux variés ainsi que diverses administrations.
Mon espoir, en présentant ici cette méthode, est qu'elle puisse être utilisée, à l'occasion, pour des débats politiques de fond, ou, pourquoi pas, pour des réflexions à mener sur un sujet ou sur un autre au sein de l'Eglise catholique...
La méthode proposée peut s'appliquer dans de nombreuses circonstances, par exemple, sans que ce soit limitatif: définition d'une norme technique; d'une position pour une négociation extérieure; mesures à prendre pour lutter contre un fléau nouveau; politique à suivre par les responsables locaux dans une situation déterminée, etc.
Comme on va le voir, on s'intéresse ici à la phase de discussion ("démocratique", même si cette appellation ne convient pas dans tous les cas); cette phase doit souvent être précédée par une longue phase de travaux préparatoires, qui n'est pas évoquée ici.
Un premier projet complet est diffusé
Le secrétariat responsable de coordonner la réflexion établit (ou fait établir) un premier projet, et le diffuse. Ce "projet", complet, constitue une version qui pourrait être adoptée en l'état, c'est à dire qu'il ne s'agit pas d'une ébauche, mais déjà du résultat de travaux approfondis.
Le projet est public, et diffusé largement; un délai d'au moins un mois et demi est fixé pour recevoir les observations des destinataires; ceux-ci sont en effet souvent des organisations complexes, qui ont elles-mêmes à procéder à des consultations ou réflexions internes avant de pouvoir rédiger une réponse.
Il est demandé que dans toute la mesure du possible les observations soient présentées dans le même ordre que le projet diffusé, ce qui n'exclut pas qu'elles soient précédées par des remarques générales, concernant des points qui manquent dans le document, des propositions pour un autre plan d'ensemble, etc.
Une synthèse commentée des observations reçues est établie
Un document de synthèse, reprenant toutes les observations reçues, classées méthodiquement et résumées aussi honnêtement que possible, est ensuite préparé et diffusé par le secrétariat, accompagné de remarques et propositions du secrétariat, et éventuellement d'un deuxième projet.
C'est un document unique de synthèse qui est diffusé, et non les remarques des participants, encore que celles-ci puissent être annexées si cela paraît utile, mais sans que cela remplace la présentation méthodique, qui permet d'avoir une vue d'ensemble, et de donner l'opinion du secrétariat.
Les remarques reçues sont classées dans l'ordre du premier projet, pour que tout le monde s'y retrouve, avec si nécessaire des remarques de synthèse en tête. En face de chaque remarque, des propositions ou observations du secrétariat indiquent, de façon assez détaillée, soit les raisons d'un désaccord avec la remarque, soit les modifications qu'il est proposé d'apporter au projet pour en tenir compte.
Chaque participant à la discussion dispose ainsi de l'ensemble des éléments de la discussion; il peut vérifier si ses remarques ont été comprises (correctement résumées), et pourquoi éventuellement le secrétariat propose de ne pas les accepter. Il sait aussi ce que d'autres participants ont dit sur le même point ou sur d'autres points.
Une réunion peut alors avoir lieu
Un mois et demi après la diffusion de la "synthèse des observations reçues", une réunion générale peut se tenir. Elle aura pu être précédée, autant que nécessaire, par des contacts bilatéraux visant à éclaircir certaines observations reçues, à rechercher de meilleures formulations, etc. Mais la réunion se tient sur la base du document initial et de la synthèse des observations.
Il n'est pas possible ici d'envisager, en ce qui concerne l'organisation de cette réunion, toutes les situations possibles, en fonction du nombre d'organismes concernés, du nombre de participants, etc. Des règles, éventuellement assez strictes, peuvent être nécessaires pour que la réunion se déroule de façon claire et efficace.
Un compte rendu de la réunion est ensuite établi, mentionnant de façon aussi détaillée et exacte que possible (grâce par exemple à un enregistrement sur bande magnétique) les positions exprimées et, s'il y a lieu, les décisions prises (selon que la réunion est consultative ou délibérative).
Un projet révisé est établi, et une nouvelle réunion peut, si nécessaire, être convoquée. Dans d'autres cas, quelques contacts bilatéraux suffiront à mettre la dernière touche au document final.
Remarques conclusives
- Le mot "secrétariat" utilisé dans ce texte désigne, on l'aura compris, un organisme responsable, mais qui accomplit sa tâche dans un esprit de dialogue et de service.
- Il va de soi que le dialogue décrit ci-dessus suppose, de la part de tous les participants, une attitude non polémique positive.