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Le péché, ou le pardon du péché?

 


 

Chaque année on n'y échappe pas. Au mois de mars, le Carême est une invitation à nous convertir. A nous reconnaître pécheurs. A recevoir le pardon... Pas toujours simple.

Il y a ceux qui disent: on n'arrête pas de nous parler du péché, à la messe il faut se frapper la poitrine au début et avant d'aller communier... c'est déprimant... et pas très réjouissant! Et puis il y a ceux qui disent: j'ai pas tué, j'ai pas volé, je ne trompe pas mon conjoint, pourquoi donc aller demander pardon?

Je vous fais une confidence, mais ne le répétez pas: eh bien je ne crois pas au péché! D'ailleurs j'ai le Credo pour moi. Il y est affirmé: "Je crois au pardon des péchés". Ce qui veut dire: je crois, non pas au péché, mais à celui qui me relève de ma situation de pécheur, c'est-à-dire au Christ qui, par son pardon, m'apporte son amour pour rendre ma vie toute neuve comme au jour de mon baptême, et rayonnante de l'évangile. En revanche, il est vrai que parler du péché, pour le détailler en lui-même, n'a pas grand intérêt sinon que cela peut empêcher la conscience de se libérer.

Alors, prenons le problème en sens inverse! Je veux dire: regardons le pardon avant de considérer le péché. D'ailleurs c'est comme cela que cela se passe dans tous les récits bibliques. Ainsi Zachée ne découvre son péché de publicain que lorsque Jésus est devant lui, dans sa maison, c'est-à-dire qu'il a devant lui Celui qui est la source du pardon dans l'amour, le partage et la justice (cf. St Luc 19).

Alors n'hésitez plus à vous rendre à une cérémonie du pardon, car elle n'est pas faite pour "débiter" une liste de manquements à des commandements très formels. D'ailleurs que les péchés soient "gros" ou "petits", importe peu. L'important est d'entendre la parole qui libère: relève-toi, ta foi t'a sauvé. J'aime bien la pertinence de Xavier Thévenot (excellent moraliste décédé récemment) qui montre bien que le péché est une découverte qui découle du pardon, et non l'inverse: "Si Dieu n'existait pas, il n'y aurait pas à proprement parler de péché... Car le péché est objet de révélation, il ne sera connu dans son ampleur que dans la perception de la figure de Jésus-Christ." *

Finalement, le Carême est une période merveilleuse dans l'année liturgique.

 

Gérard Guitton, Franciscain
(Corbiniana Mars 2007, reproduit avec autorisation).

* Éthique pour un monde nouveau, de Xavier Thévenot, éditions Salvator 2005, page 260.

 


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