Sur le fronton du temple de Delphes il était écrit:
C'est à dire:
Vous avez peut-être déjà entendu l'histoire de l'oeuf d'aigle qui avait abouti je ne sais comment dans une basse cour, parmi des oeufs de poulet. Les oeufs éclosent. Les bébés poulets sortent et le bébé aigle aussi. Il apprend comme les poulets à picorer du grain, et à se promener dans la basse cour. Mais voilà qu'un jour un aigle passe au dessus d'eux; le bébé aigle se sent des envies de remuer les ailes; il dit aux bébés poulets: "Comme ce serait formidable de pouvoir voler comme cela! Comme j'en ai envie!" Mais ceux-ci lui répondent: "Idiot! Ce n'est pas possible! Il faut être un aigle pour cela!"
Oui: "Connais-toi toi même!"
Personne à ma
place ne peut dire ce que je suis, ce que je peux faire, ce que j'ai
envie de faire.
C'est moi qui peux explorer ma propre personnalité: me
connaître.
Quel rapport avec l'amour, notre thème d'aujourd'hui?
Eh bien, c'est qu'il s'agit tout simplement d'être heureux, pour rendre les autres heureux.
Car s'aimer soi-même, c'est le point de départ.
Pour paraphraser un passage célèbre de Saint Jean: "Celui qui ne s'aime pas lui-même, alors qu'il se voit constamment, comment peut-il prétendre aimer les autres, qu'il connaît moins?"
S'aimer soi-même, c'est chercher ce qui nous fait plaisir; c'est chercher à découvrir ce que l'on aime vraiment. C'est accepter d'être différent de ce que l'on croyait être.
C'est pourquoi je dirais:
Connais-toi toi-même! pour être heureux.
Accepte-toi toi-même! pour être heureux.
Aime-toi toi-même, et tu aimeras les autres.
Se connaître soi-même est difficile; c'est un effort permanent de lucidité, d'approfondissement intérieur, d'apprentissage de la liberté.
S'accepter soi même en est inséparable; si on refuse ce que l'on est, on ne fera aucun progrès dans la recherche du bonheur.
S'aimer soi-même, qui est facilement considéré comme égoïste, est indispensable pour apprendre à aimer vraiment les autres.
Donc: cherchons à être heureux, pour rendre les autres heureux. Acceptons-nous nous-mêmes.
Pour terminer, je voudrais vous lire un texte que j'aime (*):
"Commence en toi-même l'oeuvre de paix, afin que, pacifié, tu puisses apporter la paix aux autres" (**). (..)
"Tu aimeras ton prochain comme toi-même"(..): s'aimer soi-même et aimer les autres vont ensemble.
"Celui qui est dur pour lui-même, pour qui serait-il bon?" dit l'Ecclésiastique.
En pratique: ne t'en veux pas pour ce qui s'est passé, pour ce que tu as fait, pour ce que tu as dit, pas dit (..). Tu as raté peut-être toute cette période de ta vie; tu viens de dire des paroles blessantes à cet être cher.
Ne te blesse pas davantage maintenant. Ne remue pas le fer dans la plaie. Ce dont tu as besoin pour ta blessure, c'est de baume et de douceur. Sois ton propre bon Samaritain.(..) Ne continue pas le cycle de la méchanceté. Regarde le ciel bleu, fais la sieste, et va au cinéma.
Faudrait-il donc se pardonner? Et souvent? Je réponds: je ne te dis pas de te pardonner sept fois, mais soixante-dix-sept fois sept fois. Sinon, comment apprendrais-tu à pardonner réellement aux autres?
Et sans doute c'est dangereux. Mais pas dans le sens qu'on croit.
Car si tu romps avec la routine de l'agressivité, si tu rentres toi-même dans le cycle de la bonté,
Tu as des chances de te transformer toi même (..).
Tu risques de devenir miséricordieux envers autrui,
Chose si rare!
(*) Texte de Jacques Buisson
(**) St Ambroise
Note complémentaire: Les idées ci-dessus se retrouvent au moins pour une part dans le livre de Thomas d'Ansembourg "Cessez d'être gentil, soyez vrai!" (Editions de l'homme 2001)