Une vingtaine de catéchistes du diocèse ont rendu visite aux jeunes filles du séminaire Loubavitch de Yerres.
Le Conseil de catéchèse de l'Essonne est sans doute le seul en France à avoir la chance de suivre un chemin de formation avec un rabbin, depuis cinq ans. Jean-Paul II ayant demandé aux catéchistes d'avoir une "connaissance juste" de la religion juive, le rabbin Serfaty a proposé une rencontre avec les jeunes filles du séminaire Loubavitch de Yerres. Une vingtaine de catéchistes du diocèse ont répondu à l'appel. Les jeunes filles les attendaient avec le sourire, prêtes à discuter. Elles sont 70, du Canada, de l'Italie, d'Israël, de France, de Yerres. Toutes unies par leur désir de connaissance, et le plaisir rencontré dans l'infinité des commentaires de la Torah ou des prophètes. Juives, respectueuses des lois et coutumes, confiantes en Dieu pour ce qui est inexplicable, mais débattant de tout ce qui peut l'être.
La maison est la base de tout
"Un des points qui distingue fondamentalement le judaïsme du christianisme, c'est le souci de former des jeunes dès leur plus jeune âge à la vocation d'enseignant; cet aspect n'existe nulle part ailleurs" a déclaré Michel Serfaty. L'étude religieuse est obligatoire au moins une fois par jour pour tout pratiquant. Le désir de ces jeunes filles étant d'enseigner, elles sont persuadées de l'importance de la pédagogie et du dialogue. Les études sont la continuité de ce qu'elles vivent à la maison et qui est la base de tout. Un jeune qui n'est pas épaulé dans sa foi par le milieu familial a beaucoup de mal à se construire. Les rites, le shabbat, la kashrout (l'alimentation), les habits, rien de tout cela ne facilite la vie car "il est montré du doigt". Pourtant, le juif aime faire la fête, il aime manger, il est joyeux et chaleureux.
L'adolescence pose les mêmes problèmes que partout. Certaines suivent le modèle familial, d'autres résistent et entrent dans des écoles laïques. Mais une chose leur paraît sûre, "nous revenons tous à notre source un jour; il est impossible de s'en séparer". Et ceci grâce à l'environnement familial, au "plaisir de se retrouver tous autour de la table au moins une fois par semaine, pour le Shabbat; parler avec le père, disponible ce jour-là; sentir l'amour de la mère, dans la bonne odeur des gâteaux".
Se marier est une mitsvah
"Si nous étudions, c'est pour nous, pour enrichir notre foi". Certaines enseigneront, d'autres choisiront un métier différent. Mais leur voeu à toutes est de fonder une famille. "Le mariage est une mitsvah (un commandement), on ne peut imaginer la vie autrement". Pour se marier, c'est simple: on va voir un chadkhan (marieur), on lui explique le genre de garçon que l'on aimerait rencontrer. Quelques rencontres suffisent pour décider du mariage. "Il paraît impossible pour elles, quand on vit sa foi avec autant de coeur, d'envisager un mariage avec un non-juif".
Cette visite a changé nos représentations. Elle nous a aussi redit l'importance de la famille pour la transmission de la foi.
Patricia SAPIN-DETEIX
"lNFO 91" (diocèse de l'Essonne) n° 399, 8 mars 2003 - reproduit avec autorisation