Pour faire percevoir la richesse infinie de Pâques. les tout premiers chrétiens utilisent plusieurs vocabulaires. Dans les écrits du Nouveau Testament, on remarque principalement trois façons de dire la Résurrection de Jésus.
- Les mots qui indiquent la continuité
JÉSUS a été "réveillé" ou "relevé" d'entre les morts. Ces deux verbes sont, pour les premiers chrétiens, l'équivalent de notre verbe "ressusciter". En français, le mot de "résurrection" est la transcription du latin re-surrectio c'est-à-dire "re-surgir" ou "se relever": "(...) Dieu l'a relevé, le délivrant des douleurs de la mort" (Actes 2,23-24); "(...) Dieu l'a réveillé d'entre les morts (...)" (Romains 10,9).
Ce vocabulaire marque bien la continuité entre avant et après le jour de Pâques. C'est bien la même personne qui s'est couchée ou est descendue au séjour des morts et qui a été éveillée ou relevée. Ces verbes ont l'inconvénient de laisser supposer que la résurrection ne serait qu'un recommencement: Jésus reprendrait la même vie qu'avant la croix.
- Les mots qui indiquent une vie autre et nouvelle
JÉSUS est rendu à la vie par l'Esprit, mais à une vie toute autre. Il est le Vivant. Sa vie est celle même de Dieu: "Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts?" (Luc 24, 5); "Oui, il a été de faiblesse, mais il vit de la puissance de Dieu" (2 Corinthiens 13,4); "Mis à mort en sa chair, il a été rendu à la vie par le Souffle" (1 Pierre 3,18).
Pour rappeler qu'il ne s'agit pas d'un simple retour à la vie antérieure, Paul précise que cette vie nouvelle est éternelle: "Le Christ, une fois qu'il s'est réveillé d'entre les morts, ne meurt plus..." (Romains 6, 9). La vie nouvelle de Jésus reçue à Pâques sera offerte à tous: "C'est lui le premier-né des morts" (Colossiens 1,18).
- Les mots qui évoquent le monde d'en haut
LE RESSUSCITÉ est entré dans le monde divin, le monde d'en haut. Pour le signifier on parlera "d'ascension", "d'exaltation" et de "glorification". Celui qui meurt descend au séjour des morts (en bas). Ressuscité, il monte au ciel, il est exalté, glorifié: "Exalté par la droite de Dieu (...) le Seigneur lui a dit: assieds-toi à ma droite (...) Dieu l'a fait Seigneur et Christ" (Actes 2,22-36); "Dieu a glorifié son serviteur Jésus" (Actes 3,13); "Dieu l'a exalté et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom" (Philippiens 2,9). Le titre de "Seigneur" traduit le mot kurios qui dans la bible grecque remplace le Nom propre de Dieu en hébreu (Yhwh). En appelant "Seigneur" le Ressuscité, les chrétiens reconnaissent que Jésus exerce la souveraineté même de Dieu.
Dans ce passage des Actes on trouve les traces de ces trois vocabulaires: "Ce Jésus, Dieu l'a relevé, nous en sommes témoins. Exalté par la droite de Dieu, il a reçu du Père l'Esprit Saint promis... Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus..." (Actes 2, 32-36).
Père Marc Sevin, bibliste
"Prions en Eglise" n° 196, Avril 2003 - Reproduit avec autorisation