Ces "petites notes" sont des commentaires rapides, éventuellement temporaires.
La religion s'occupe de l'au-delà ?
En lisant une interview de M.
Nicolas Sarkozy à propos de son livre récent sur les
religions ("La république, les religions, l'espérance",
Cerf 2004), je suis frappé de l'insistance sur l'idée
que "la religion, c'est l'espérance d'une vie meilleure dans
l'au-delà".
Comme si le christianisme ne concernait pas d'abord notre
façon de vivre chaque jour.
Certes M. Sarkozy indique que la religion s'intéresse au "sens et au pourquoi de la vie", et propose une morale, mais il semble voir beaucoup dans la foi une "démarche d'espérance face à l'inévitable"; il s'agit de croire, et de "pratiquer" (au sens "aller à la messe").
Notons d'abord que l'au-delà est vu par la plupart des gens comme concernant "ce qui se passe après la mort"; alors que pour moi l'au-delà est présent! Toute une puissance de Dieu nous entoure: action de l'Esprit, et monde spirituel dont nous ne connaissons pas la complexité. Pour moi, bien que je ne le voie pas, ce monde est aussi présent que le monde visible. Le monde comporte peut-être, non pas les 3 ou 4 "dimensions" que nous connaissons, mais 14 ou 37 dimensions! Nous ne pouvons en voir que 3, et donc nous ne voyons pas cet "au-delà", qui pourtant est présent, vivant comme nous!
Donc pour moi
l'au-delà, c'est d'abord "plus que ce que nous voyons"; et
c'est aussi bien sûr "ce que deviennent les hommes après
leur mort": mais c'est la même chose me semble-t-il: ils
s'intègrent tout simplement dans cet univers-là.
Jacques Loew avait écrit un livre dont le titre était
"Comme s'il voyait l'invisible"... D'ailleurs il semble bien que
certains spirituels comme Padre Pio avaient des contacts très
développés avec ce monde qui nous est invisible.
Mais surtout, le christianisme concerne notre façon de vivre, ici et maintenant! Cette conviction qui est en nous, que l'amour est le centre de tout, elle nous change, jour après jour! L'Esprit nous aide à nous transformer. O certes c'est en général peu de choses en apparence et pas de nature à faire de nous des individus visiblement "meilleurs que les autres". Mais c'est bien notre façon de vivre et d'être ici et maintenant qui est concernée.
D'ailleurs les
chrétiens ont eu, à de nombreuses époques, un
rôle éminent dans le développement d'institutions
sociales ou "charitables": ils ont agi et continuent à agir
dans le monde en fonction de leur foi.
3 novembre
2004
Est-ce l'influence des spiritualités orientales? Certains chrétiens décrivent la prière, et leur relation à Dieu, comme une relation avec une partie d'eux-mêmes. Ainsi quelqu'un écrit sur un forum que la vraie prière consiste à s'adresser "à la partie la plus sublime de nous-mêmes, que certains appellent dieu".
Il me semble que cela
correspond à une perception du monde respectable certes, mais
différente du christianisme.
Que nous soyons une partie d'un "grand tout", je le concède
volontiers, mais le christianisme, tel que je le comprends, comporte
la notion de relation avec l'autre, et avec le tout autre.
Dieu est autre; Jésus
est une personne extérieure à moi, et je peux
m'adresser à lui dans la prière! Cela suppose de croire
qu'il est réellement présent, bien que je ne le
perçoive aucunement.
Une certaine qualité de silence intérieur est certes
une bonne chose pour la prière; mais même si on ne
l'atteint pas, dès lors que l'on est convaincu que Dieu est
présent, nous connaît et nous aime, notre prière
est "réelle": elle est relation avec Dieu.
Certains auteurs spirituels chrétiens parlent certes d'unification intérieure dans la prière: c'est un sommet que l'on peut bien sûr espérer atteindre, mais cela ne correspond pas forcément au chemin qu'il nous sera donné de vivre. Chacun est différent.
Cela dit le calme et la
méditation proposées par différentes techniques,
notamment orientales, peuvent convenir à quelques uns, et leur
apporter peut-être une certaine aide psychologique.
Elles rejoignent pour une part l'attitude de prière; mais il
ne faudrait pas que des idées philosophiques
particulières ("Dieu est en moi", etc.) en arrivent à
empêcher un chrétien de garder la conviction que Dieu
est aussi - d'abord - une réalité extérieure
à nous, révélée en
Jésus-Christ.
3 novembre
2004