En suivant Thérèse d'Avila

(prier avec le "Château intérieur")

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Le "Château intérieur", dont le titre espagnol commence par "Les demeures de l'âme" est un livre de conseils, simple et facile à lire, pour mieux prier. Sans doute s'adresse-t-il d'abord à ceux qui ont compris que la prière est l'activité humaine la plus importante. Mais chacun de nous peut en tirer profit; on le trouve en collection de poche (Petite Bibliothèque Payot, que j'utilise ci-après pour les citations).

Je ne suivrai pas strictement, ci-après, l'ordre d'exposition choisi par Sainte Thérèse, ni ne m'avancerai jusqu'aux ultimes demeures, dont je n'ai (malheureusement) nulle expérience. Il s'agit ici plutôt d'un parcours personnel, à la suite de cette grande priante.

 

Considérer à qui on parle !

Sainte Thérèse appelle cela la "considération". N'est-ce pas la première chose à faire quand on se met en prière? Certains parlent de "se mettre en présence de Dieu"; mais j'aime bien l'expression toute simple de Sainte Thérèse: il s'agit de prendre conscience de à qui on parle...

 

Rentrer en soi-même

Sainte Thérèse n'évoque ce point qu'après avoir expliqué (voir ci-après) quelle merveille nous sommes (nous sommes un château..); mais il me semble que, dans la prière quotidienne, rentrer en soi-même sera le deuxième mouvement (après la considération). Rentrer en soi-même est nécessaire pour être présent en vérité devant Dieu. Il est là; je suis là.

Certains, dit Sainte Thérèse, restent en quelque sorte à l'extérieur, et sont devenus comme incapables de rentrer en eux-mêmes. "Ce serait folie d'imaginer qu'on peut entrer au ciel sans d'abord entrer en soi même."

"Rentrer en soi-même" évoque aussi pour moi la parabole de l'enfant prodigue ("rentrant en lui-même, il se dit: ..").

 

Nous sommes un château de pur cristal !

De même que se situer face à Dieu (la considération) est plus facile lorsque l'on a compris de quel amour incroyable il nous aime, de même entrer en soi-même est plus facile lorsqu'on a compris la merveille que nous sommes. Entrer en soi devient alors un épanouissement.

L'image du cristal, choisie par Sainte Thérèse, me fait penser à la lumière, à la pureté angélique. J'imagine mon ange gardien derrière moi, pur et brillant comme du cristal.

Nous sommes, dit Sainte Thérèse, un vaste château de cristal très pur, ou de diamant, rempli de richesses et comportant diverses demeures. "L'âme du juste est un paradis, où Dieu prend ses délices". "Dieu nous dit que l'âme est faite à son image: cela suffit pour que nous en concevions la dignité et la beauté excellentes."

"Les biens dont (notre) âme peut être enrichie, (..) l'Hôte qui y fait son séjour, nous y pensons peu (..)".

Un "resplendissant soleil (..) demeure au centre de l'âme". Il en est de l'âme comme d'un cristal exposé au soleil."

Thérèse prend encore d'autres images, différentes les unes des autres: "L'âme en état de grâce ressemble à une source très claire; ses oeuvres procèdent de la fontaine de vie." "Plantée comme un arbre au milieu de cette fontaine, c'est de ses eaux qu'elle tire sa force, sa verdeur et sa fécondité".

"Ne craignez pas d'imaginer (ce château) trop grand: (..) la capacité de l'âme dépasse de beaucoup ce que nous pouvons concevoir."

 

Liberté

"Il importe extrêmement de ne pas trop (se) contraindre." "Qu'on laisse cette âme, à qui Dieu a donné une dignité si grande, parcourir librement les différentes demeures d'en haut, d'en bas et des ailes. Qu'elle ne se violente pas pour rester trop longtemps dans la même (..)". Et nous ne devons pas "nous troubler des écarts de l'imagination".

Certes, il faut nous connaître nous mêmes; mais "le meilleur moyen (..) d'acquérir une parfaite connaissance de nous-mêmes est de nous appliquer à bien connaître Dieu. Sa grandeur nous fera voir notre bassesse; (..) son humilité nous montrera combien nous sommes loin d'être humbles."

 

"Que ta volonté soit faite"

Nous voudrions "que Dieu (nous) console intérieurement. Mais il connaît mieux que nous ce qui nous est utile; il ne nous appartient pas de le conseiller (..)". "(..) Ce à quoi doivent uniquement prétendre ceux qui commencent à s'adonner à l'oraison, c'est de travailler, de se disposer avec courage et par tous les moyens possibles, à conformer leur volonté à la volonté de Dieu. (..) En cela consiste (..) la plus sublime perfection à laquelle on puisse s'élever sur le chemin spirituel."

 

Humilité, obéissance

"Ce qui arrête, c'est le manque (d')humilité. Croyons toujours que nous avons fait peu de chemin, et que nos soeurs en ont fait beaucoup; et non seulement désirons être considérées comme les plus imparfaites, mais faisons tout ce qui peut dépendre de nous, afin que l'on en soit persuadé." (Comment ne pas penser ici à Thérèse de l'Enfant Jésus !).

On ne peut "rien faire (..) qui soit plus utile que de s'adonner de toutes (ses) forces à la pratique d'une prompte obéissance."

"Occupons-nous de nos propres fautes, et non de celles du prochain." Il ne faut pas non plus "vouloir que les autres suivent (notre) chemin, ni prétendre donner des leçons de spiritualité, quand peut-être (nous) ne savons pas ce que c'est".

 

Les goûts, les contentements

Il y a, explique Thérèse d'Avila, une grande différence entre les "contentements" (tels qu'une grande joie, ou des pleurs dans la prière) et les "goûts".

"Les contentements sont les douceurs que nous nous donnons nous-mêmes par la méditation et la prière (..).Les contentements, qui n'ont rien de mauvais, sont naturels. (..) Les goûts au contraire tirent leur principe de Dieu, et se font sentir à notre âme, qui en est beaucoup plus touchée que des contentements de l'oraison." Et Thérèse cite alors le psaume qui dit "Tu as dilaté mon coeur" (ps. 119 v.32).

"Il nous est (..) impossible de juger si (les contentements) sont tous des effets de l'amour."

Quant aux goûts, "l'âme n'est même pas capable de comprendre les dons qu'elle reçoit. Ce sont des faveurs qui ne se peuvent dire". "Tout notre intérieur se dilate et s'élargit".

 

Nous achèverons ici ce parcours rapide à travers les premières demeures.

 


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