Rien n'empêche un non-chrétien de les lire, bien sûr, mais on ne parle pas forcément de la même façon lorsqu'on s'adresse à des personnes qui ne connaissent pas "l'univers du Christianisme" et quand on s'adresse à ceux qui y vivent.
J'évoque ici quelques sujets qui me paraissent intéressants, sans chercher à les présenter d'une façon qui puisse être comprise par des non-chrétiens.
"Enquête sur l'existence des anges gardiens"
J'avais, comme la plupart des chrétiens sans doute, vaguement entendu dire que les corps de certains saints étaient retrouvés en parfait état de conservation, bien des années après leur mort.
Le livre "Enquête sur l'existence des anges gardiens" (Pierre Jovanovic, Filipacchi 1994), excellent et nuancé malgré une présentation un peu accrocheuse, m'a amené à mieux prendre conscience du phénomène. Ce livre étudie en effet un certain nombre de cas de saints, ou de personnes qui ne le sont pas, ayant eu des visions, des stigmates, etc.
Par exemple, le corps d'un des enfants de Fatima, Jacinta, morte à 10 ans, a été retrouvé intact dans son cercueil 15 ans plus tard, tandis que celui de son frère Francesco, mort au même âge, avait suivi le cours normal de la décomposition.
C'est parfois par hasard, parce qu'un événement extérieur amène à ouvrir la tombe, que l'on découvre une telle incorruptibilité, dont on aurait recensé une centaine d'exemples (hommes et femmes): cette incorruptibilité ne suffit d'ailleurs pas à déclencher une procédure de canonisation. Et il est probable que d'autres corps, jamais exhumés, sont dans ce cas: mais personne n'envisage d'ouvrir systématiquement toutes les tombes après quelques années!
L'immaculée conception
Un prêtre de mon secteur, célébrant la messe le jour de la fête de Sainte Catherine Labouré, attira notre attention sur 3 dates qui se succèdent au cours du XIX° siècle:
- 1830: Catherine Labouré est chargée de faire frapper une médaille - qui a produit de nombreux miracles - portant notamment ces mots: "O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous".
- 1854: Le dogme de l'Immaculée Conception est proclamé par le pape Pie IX.
- 1858: La "dame" dit à Bernadette Soubirous "Je suis l'Immaculée Conception".
Ainsi la proclamation du dogme est entourée, quelques années avant et après, de manifestations miraculeuses auxquelles sont associées deux saintes.
Mais il est encore un miracle particulier : c'est que ces deux saintes font partie des incorruptibles. L'une comme l'autre sont visibles, dans leur chasse, à Paris et à Nevers.
Ainsi celle qui fut conçue sans péché, et qui, les catholiques le croient, fut élevée au ciel avec son corps incorruptible, est entourée, en ce XIX° siècle, de deux saintes dont le corps est incorruptible.
Est-ce un hasard?
S'il est un domaine où l'Eglise catholique est prudente, c'est celui des révélations privées. Cette prudence ne signifie pas que ces révélations sont toutes fausses. Mais elle vise notamment à rappeler que "la révélation est close", et que les révélations privées doivent toujours être replacées dans le cadre de la révélation proprement dite, qui nous est donnée en Jésus-Christ et par son Esprit vivant dans l'Eglise.
Bien des saints ont relaté des conversations avec Jésus ou avec Marie. Et l'on constate à cette occasion que la tonalité de ces conversations reflète souvent la personnalité du saint.
Et de même que chacun de nous peut avoir plus ou moins d'affinités avec tel ou tel saint (ou au contraire être moins à l'aise devant d'autres formes de sainteté), de la même façon certaines révélations privées nous parlent, deviennent pour nous un complément des Ecritures.
Je voudrais citer ici le cas de Maria Valtorta, morte en 1961, et dont l'ouvrage en 10 volumes "L'Evangile tel qu'il m'a été révélé" (disponible en librairie) constitue pour moi, dans l'essentiel de son contenu, non seulement un enchantement constant, mais une source de méditation et de meilleure compréhension de l'amour du Christ et de ce qu'il attend de nous.
Cette révélation privée, dont Pie XII avait encouragé la publication, est un ensemble de visions de scènes de la vie du Christ, depuis l'enfance de Marie jusqu'aux débuts de l'Eglise. L'ouvrage dénote une connaissance stupéfiante de la végétation locale, des coutumes, de la topographie, voire du plan de certaines villes de Palestine, tous aspects qui étaient complètement inaccessibles à Maria Valtorta, malade allongée n'ayant à sa disposition que l'Evangile (se reporter notamment aux livres de Jean Aulagnier). Maria Valtorta est au milieu de chaque scène, comme une disciple: elle sent les parfums, la température, se retourne pour voir arriver d'autres personnages derrière elle, etc.
Plus important, la psychologie des personnages est extrêmement riche, et amène à se représenter les apôtres, dans leur diversité; à suivre les efforts de Jésus vis à vis de Judas; à méditer sur le rôle de Marie, l'attitude des divers groupes juifs, ...
Depuis que j'ai placé ce livre dans mes "livres de chevet", je ne peux plus vivre mon christianisme comme avant. Je me sens disciple avec les disciples: entourant le maître, suivant ses efforts incessants pour faire connaître le Père et répandre son amour; conscient de mes faiblesses, et sûr de son incroyable amour.
Le livre de Maria Valtorta vieillira sans doute, comme a vieilli, avant lui, le livre un peu analogue écrit au XIX° siècle par Anne-Catherine Emmerich.
Mais un tel parfum de vérité se dégage de ces visions que je recommande à chacun de faire l'effort d'en lire deux tomes; c'est le temps qu'il faut pour passer du scepticisme à l'ouverture.
Note:
Les "dictées" qui accompagnent les visions sont beaucoup plus contestables; d'ailleurs Jean Aulagnier note à la page 26 de son livre "Maria Valtorta qui es-tu?" (Editions Résiac, BP 6, F-53150 MONTSURS) : " .. l'audience s'acheva sur ces mots du pape: 'publiez (..)'. Il s'agissait, il faut le préciser, des seules visions, à l'exclusion des dictées."L'éditeur de la version française est italien (Centro Editoriale Valtortiano, Isola del Liri); le diffuseur français est Tequi, 82 rue Bonaparte 6°; les 10 volumes sont en général disponibles en stock à la librairie "La Procure" (Paris 6°).
J'ajoute - janvier 2006 - que l'affirmation selon laquelle cette oeuvre a été condamnée par le Saint Office en 1959 est commentée comme suit par Jean Aulagnier (je résume):
Pie XII meurt en 1958. En 1959 le Saint Office - mécontent de n'avoir pas été consulté lors de la publication - met l'oeuvre de Maria Valtorta à l'index avec pour attendus que ces écrits sont parfaitement conformes à la doctrine de l'Eglise mais n'ont pas fait l'objet d'un imprimatur! En 1962 une "autorisation modérée de publication" est donnée. En 1972 une série de cours basée sur cette oeuvre est donnée à la faculté pontificale Marianum. En 1973 le père Roschini, conseiller du Saint Office depuis les années 59-60, publie un livre "La Vierge Marie dans les écrits de Maria Valtorta". En 1966 l'index des livres défendus a été supprimé. Après la mort du père Roschini en 1977 "on vit resurgir les vieilles rancunes, (..) les vieux préjugés".
L'Eglise, assemblée des saints
Une des expériences les plus enrichissantes que j'ai faites, au sein de la communauté chrétienne dont je fais partie, est celle de rencontres-partage en tous petits groupes.
Dans de tels groupes, réunis par exemple pour étudier ensemble la Bible, ou pour réfléchir sur la liturgie, on découvre parfois combien la foi de tel ou tel des membres du groupe est intense: brusquement, celui ou celle qui était pour nous presque un inconnu devient un témoin qui révèle la richesse de son intériorité. "Je prie toute la journée" dira l'un presque à voix basse. "Quand je regarde les gens autour de moi, je cherche à les servir comme s'ils étaient le Christ" dira une autre.
Ces gens sont restés dans mon coeur (ils sont devenus des "soleils" pour mon coeur, comme on le disait récemment à une réunion de synthèse). Désormais je sais que, dans notre paroisse, il y a des saints. Ils sont saints parce qu'ils se laissent pénétrer par la sainteté de Dieu; parce que pour eux, il est vivant, présent, brûlant. Ils ne seront sans doute jamais canonisés, et d'ailleurs leur sainteté n'est peut-être pas encore extraordinaire; mais ils accomplissent leur vocation de chrétien: l'appel à la sainteté qui nous est proposé à tous.
Dès lors, la messe du dimanche est vraiment pour moi "l'assemblée des saints", chantant ensemble la gloire de son Seigneur.
Pas de grand homme pour son valet de chambre...
C'est un adage bien connu: le "valet de chambre" d'un grand homme... ne voit que ses petits côtés. Et c'est pareil pour ceux que nous cotoyons fréquemment.
Un de nos prêtres disait récemment combien il est important, dans une communauté, de savoir dire à l'autre ce qu'on aime chez lui. On a toujours tendance à critiquer; trouver des occasions d'être positif est essentiel.
Quand je vois certains chrétiens (pas tous!!), certains groupes de chrétiens, dans ma paroisse ou ailleurs, je ne peux m'empêcher parfois, je l'avoue, d'avoir un réflexe négatif... Ils sont tellement différents de moi, leurs priorités, on pourrait même dire leurs valeurs, sont si différentes des miennes, que j'ai tendance à les étiqueter; à penser qu'ils ont tort, qu'ils se trompent; que le christianisme a insuffisamment pénétré leur vie!
Et puis, pof, l'un d'eux se révèle un "soleil" de foi: l'occasion s'est trouvée où j'ai pu l'entendre parler de façon intime de sa foi, découvrir combien Jésus est important pour elle ou pour lui.
Alors je comprends pourquoi Jésus nous a dit de ne pas juger...
Cela ne me le rend pas forcément plus sympathique! Il reste quelqu'un de "différent", vivant son christianisme à travers des comportements avec lesquels j'accroche mal, qui peuvent même me rester insupportables:
Mais il est un frère, elle est une soeur.
Non plus au niveau des mots, ou des bonnes intentions.
Mais dans la réalité de l'expérience de foi.
Un jour où je rentrais en voiture vers mon quartier, il y avait, au milieu de la rue, empêchant qu'on puisse passer, des gens à pied, arrêtés, qui discutaient, riaient.Naturellement, le premier réflexe est de mauvaise humeur; on n'est pas content, on a envie qu'ils s'écartent; c'est qu'ils ne sont pas dans la même sphère où l'on est: celle de la vitesse, de l'action.
Mais ensuite je me suis dit: pourquoi ne considères-tu pas que tu arrives dans une sorte de fête champêtre: change ton point de vue et ton attitude! Où cours-tu si pressé? Détends-toi, attends, en souriant et avec sympathie pour ceux qui sont là et qui peut-être veulent t'inviter à leur fête.
J'essaie maintenant d'avoir souvent cette attitude, et par exemple quand j'entends des jeunes qui font du bruit le soir sur la place près de chez nous.
A une fête, il n'y a pas forcément que des gens sympathiques! Mais c'est une fête quand même; la fête à laquelle le Christ m'invite.
Une amie a reçu récemment dans sa paroisse le sacrement des malades, au cours d'une belle cérémonie à l'Eglise, rassemblant plus de vingt malades.Mais elle est triste: car un de ses voisins, A., malade lui aussi, n'a pas pu venir, son médecin lui ayant déconseillé le déplacement.
Pourquoi, se demande-t-elle, n'a-t-on pas pensé à lui apporter le sacrement des malades à domicile?
Il est vrai qu'il l'avait déjà reçu une année antérieure. Mais une occasion a peut-être été ratée.
Il m'arrive d'avoir envie d'écrire un texte sur tel ou tel sujet, ou de mettre sur ce site web un document que j'ai trouvé intéressant.Avant de le faire, toutefois, je m'efforce maintenant de me poser la question suivante: "Est-ce par amour que tu veux faire cela?"
Et s'il y a un doute sur la réponse, si c'est peut-être pour des raisons moins claires, telles que la défense d'opinions auxquelles je suis peut-être trop attaché, ou par une sorte de violence voulant affirmer des idées et les faire passer "quelles qu'en soient les conséquences", alors je me convainc, difficilement parfois, de renoncer.
Et je demande au Seigneur de me donner sa douceur: de m'apprendre à dire avec amour ce qui doit être dit, et de renoncer à dire ce que je ne sais pas dire avec amour.
Sur Radio Notre Dame, il y a quelques jours,j'entendais un prêtre, du Jura je crois, expliquer comment il recevait les décisions de son évêque. En général, disait-il, je suis d'accord; mais si par hasard je ne le suis pas, je me dis: "Peut-être suis-je mal informé", c'est à dire, peut-être l'évêque agit-il pour des raisons que je ne connais pas."Et alors, je prends mon téléphone et je l'appelle; je vais le voir; on prie ensemble, et ensuite on réfléchit."
Magnifique humilité!
Comme j'aimerais avoir toujours la même attitude!
Si souvent on juge, on critique, on sait, et on méprise ou rejette ce qui est fait ou dit par tel ou tel.
Alors que si l'on se dit "Peut-être n'ai-je pas toutes les informations", on se situe dans la vérité, l'humilité; la charité.
On ne connaît d'une personne que certains aspects.
Si quelqu'un que l'on connaît assez peu révèle brusquement un aspect désagréable de sa personnalité, on peut être tenté de le classer, de le cataloguer: "Celui-là, je vais avoir du mal à lui parler - ou même à lui serrer la main - la prochaine fois que je le verrai: tellement ce qu'il a fait ou dit me paraît scandaleux. Je vais lui faire sentir combien je suis en désaccord avec lui."
Mais un homme est comme un iceberg. Il a une vaste partie cachée; et de la partie émergée, on ne voit en général qu'une fraction.
Peut-être cet homme dont tu critiques l'attitude a-t-il des aspects, des qualités, remarquables, beaucoup plus importants que l'incident qui t'a frappé.
Si tu connaissais ces autres dimensions de sa personnalité, tu relativiserais cet aspect désagréable que tu as retenu.
Ce ne serait pas le plus important pour toi.
(Extraits, un peu modifiés, d'un mel adressé bilatéralement à un membre de la liste "Prier la Parole" qui avait indiqué consacrer 4 heures chaque jour à la "lectio divina")
Cher A.,
4 heures par jour! Bien! Cela me rappelle l'époque où, jeune retraité, je me lançais à corps perdu dans la prière. Trois heures était courant alors pour moi, en plusieurs fois (1h ou 1h 1/2 à la fois au maxi). Comme un bateau quittant la rive et partant sur le grand océan.
Il faut que je dise ici que mon approche de la prière est très différente de la lectio divina.
Je suis très "spontané" et "imaginatif". Et très convaincu que Dieu est présent et que c'est lui qui agit. Alors pourrait-on dire, à la limite, peu importe ce que l'on fait, au moins tant qu'une certaine forme qui correspond à votre personnalité ne s'est pas dégagée.
J'ajoute aussi que je suis quelqu'un qui change tout le temps.. ceci pour dire qu'en ce qui me concerne la forme reste à trouver!
Prier pour moi c'était être aussi spontané que possible devant Dieu: alors je m'entourais d'un certain nombre de carnets de chants, de la Bible bien sûr, et j'alternais un peu tout: position assise ou debout, ou à genoux (si oubliée hélas dans nos paroisses!); chant, silence, prières inventées, prières que j'avais appris par coeur (très important); gestes (voir sur le site "Choisis d'aimer"), etc.
Imaginatif: eh oui, je me représente la présence ou l'action de Dieu du mieux que je peux. Par exemple (mais ce n'est qu'un exemple) j'imagine Jésus frappant à ma porte, et quelle est ma réaction: est-ce que je me lève, me mets à genoux. Je dis alors à Dieu que je sais que s'il le voulait il pourrait très bien m'apparaître à l'instant, et que s'il ne le fait pas, c'est pour tout un ensemble de raisons: par exemple que cela me rendrait orgueilleux, ou que j'aurais peur; donc que je ne suis en fait pas prêt à l'accueillir.
En ce qui concerne l'Esprit, mais d'une façon assez différente des charismatiques, je suis très Saint Esprit!!
Eh oui; j'ai parlé d'imagination: alors rien de tel que ce vent, ce flux qui me pénètre, qui me traverse et me purifie: "lave ce qui est souillé": il y en a des recoins avec de l'eau croupie en moi! Je ne cherche pas à mettre un nom de péché précis sur ces recoins, juste à visualiser l'action physique de l'esprit.
"Mon corps crie de joie": oui, vraiment, mon corps s'épanouit dans la louange (voir les pages sur la louange sur mon site). Le Père a ouvert mon coeur et m'a fait lui dire "oui". Le fils m'invite à aimer mes frères (c'est pourquoi la charité, l'action au service des autres, a la priorité sur "la deuxième heure" de prière) et je ressens l'amour du fils pour tous les hommes. Et l'Esprit me traverse de part en part. Telle est la représentation physique que je vis dans la prière.
Prière dont la majorité du temps se passe, comme toi me semble-t-il, à ne rien faire et à avoir les pensées qui errent!
Je réserve toujours une partie du temps pour prier pour un certain nombre de gens: je porte leurs noms, je les dis devant Dieu. Non seulement je suis convaincu que c'est efficace "quelque part", mais cela me transforme, moi: mon attitude face à ces gens, fussent-ils "mes ennemis", change dès lors que j'ai prié pour eux. Je les sens beaucoup plus proches.
Voilà. J'espère que ces confidences ne gêneront personne, et peut-être qu'elles pourront aider certains.
23 janvier 2001
Il arrive, sur Internet, que l'on amorce un dialogue spirituel avec un correspondant ou une correspondante; chacun se confie un peu, parle à l'autre de sa spiritualité, de son itinéraire.
Ma tentation, mon défaut, a été plusieurs fois, plus ou moins consciemment, de prendre la position de celui qui a plus d'expérience, et donc qui peut diriger l'autre! (alors qu'on ne m'avait rien demandé). Le dialogue est délicat, et parler à l'autre pour lui commenter ce qu'il dit est toujours un exercice périlleux.
Donc je voudrais abandonner la position "up", celle de celui qui sait, qui dirige. Mais pas pour prendre une attitude pseudo-socratique où je manipulerais l'autre pour le faire aller là où je veux.
Non: il s'agit réellement d'inverser l'image que tu as en tête: de considérer que l'autre est le maître, et que tu es l'élève. C'est lui qui est ton accompagnateur, un peu comme dans un monastère. Cette humilité est en fait la seule attitude réellement amicale, réellement ouverte: la plus enrichissante sans doute aussi. Tu écoutes et tu t'instruis.
26 janvier 2001
Parfois je suis préoccupé par la façon dont un groupe évolue ou se comporte, dans la paroisse par exemple, ou ailleurs. Et je me dis: "J'espère que telle ou telle chose ne se passera pas; à qui pourrais-je en parler pour éviter telle orientation?"
Et puis quelquefois je me rends compte que si je parle, cela peut avoir plus d'inconvénients que d'avantages, et ne rien régler. Au contraire, peut-être aggraver la situation.Mais il y a quelqu'un, ma foi d'assez puissant ;-)) à qui je peux en parler dans la prière!! Et lui saura faire!
Je n'ai pas dit qu'il me donnerait satisfaction: il sait mieux que moi ce qui est bon. Mais si je lui parle et si il veut que ce que je demande se fasse, c'est "un jeu d'enfant" pour lui: un tout petit mouvement, changement, mot, prononcé par tel ou tel ("le battement d'une aile de papillon") suffira pour éviter ce que je redoute! C'est lui qui le provoquera.
Je n'ai qu'à le louer, et savoir qu'il veut ce qui est le meilleur: à moi de ne pas y faire obstacle par mes rancoeurs, mes peurs, mes colères, etc. A moi de vivre dans la joie et l'amour.
30 janvier 2001
Il m'arrive, comme à beaucoup de chrétiens je pense, de m'adresser aux saints, ou même à des personnes décédées que j'ai connues, et de "parler" avec eux de telle ou telle chose. Avec Marie, j'imagine parfois que je l'appelle au téléphone, et que j'entends sa voix au bout du fil: "Je t'écoute mon enfant".
Et alors, si une prière me vient à la pensée, ce ne peut pas être une prière adressée à ce saint ou à cette personne décédée. Mais c'est une prière avec eux. Et voici comment il m'est venu à l'idée d'énoncer "avec eux", parfois, le Notre Père:
Que Son nom soit sanctifié
Que Son règne vienne,
Que Sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel.22 août 2001
Lorsque je suis énervé par quelqu'un, ou en désaccord avec lui, ou que j'ai tendance à en dire du mal, comment changer mon coeur?
Une amie religieuse me suggère la phrase suivante: "Et pourtant, Dieu l'aime".
Oui, Dieu l'aime. Et j'ajoute: il voit très bien tout ce qu'il y a de positif dans cette personne!
Voilà donc désormais ce que sera j'espère mon attitude:
"Et pourtant tu l'aimes, Seigneur. Tu vois très bien tout ce qu'il y a de très bon en lui!"
"Et pourtant Dieu l'aime!"
Je me redis souvent cette phrase maintenant.Et j'ai aussi découvert que, quand je ne suis pas fier de ma propre attitude, je peux me le dire aussi à moi même:
"Et pourtant Dieu m'aime"!19 octobre 2001
Dans une paroisse que je connais, certains prêtres semblent parfois célébrer la messe dominicale comme s'il s'agissait d'une rencontre entre copains.
L'un d'eux, lorsqu'il monte à l'autel derrière les enfants de choeur par l'allée centrale de l'église, s'arrête pour serrer des mains à droite et à gauche et échanger trois phrases.
Le même ou un autre, au moment de commencer la célébration, adresse quelques mots à l'assemblée sur un ton exagérément jovial. Comme le note une amie, on dirait qu'il nous dit: "Qu'est-ce qu'on va bien s'amuser ensemble!".
Pendant l'homélie, l'un d'eux s'adresse à l'occasion à un membre de l'assemblée: "Jacques, toi, cela t'arrive de ... (etc.)". A la fin de la messe il explique à l'assemblée qu'il n'a pu chanter que partiellement le "Par lui, avec lui et en lui" parce que c'était trop haut.
J'ai d'autres exemples, mais il seraient trop facilement reconnaissables.
Je dois dire que je sors de ces messes profondément peiné: on a l'impression que ces prêtres ne savent pas que le Seigneur est présent; que c'est Lui qui nous rassemble; et que c'est en fonction de Lui, et en tenant compte de l'inévitable diversité des préoccupations des membres de l'assemblée (qui ne sont pas forcément tous joyeux ce jour-là) qu'il convient de célébrer la messe avec dignité.
Ce n'est pas la bonne humeur qui définit la fonction de la messe; c'est le service du Seigneur! Et, compte tenu de son rôle, c'est lorsque le célébrant est entièrement tourné vers le Seigneur que la messe a le plus de chances d'être pour chacun des participants une grâce, un moment de découverte de Son Amour.
30 décembre 2001
C'est une confidence vraiment intime que je vais faire ici.
J'ai dit plus haut ("Sur la prière") comment j'utilisais parfois mon imagination dans mon attitude spirituelle.
Il m'arrive, notamment lorsque j'avance pour communier, que je me sente complètement indigne de m'avancer: j'ai envie de pleurer, je ne tiens plus sur mes jambes. Et un jour je me suis rappelé les pélerinages de Chartres que nous faisions quand j'étais étudiant: comment les filles en particulier, au moment de monter les derniers mètres vers la cathédrale, se tenaient les unes aux autres, solidement appuyées en croisant les bras entre elles, par les coudes en quelque sorte.
Il m'est venu l'idée de demander à deux amies très chères, deux saintes, de m'appuyer ainsi quand je n'ai plus la force d'avancer: j'imagine alors que Marie-Madeleine, la grande amoureuse, et Thérèse de Lisieux, que l'on peut sans doute appeler la petite amoureuse, sont de part et d'autre de moi, et me soutiennent les coudes. Et je m'avance ainsi, d'un pas plus assuré, appuyé sur elles.
31 décembre 2001
Je suppose que je ne suis pas le seul à avoir envie, de temps à autre, de me faire une représentation du "paradis". En fait j'en ai des tas, bien différentes les unes des autres, et j'en évoquerai éventuellement d'autres à l'occasion.
Celle que je voudrais évoquer aujourd'hui dérive tout simplement de la phrase du Christ "Qui me voit, voit le Père". Oui, cet homme doux et humble de coeur, cet homme restant entièrement amour alors qu'il est écrasé par la méchanceté des hommes, c'est aussi le Père.
Je pense au Père en me disant qu'il est doux et humble de coeur.
Et du coup, j'ai eu un jour l'idée d'inverser une image "traditionnelle" que je me faisais du "paradis". Dans cette image, assez classique sans doute, il y a "les saints", unis entre eux, qui entourent une espèce de haute montagne dont le sommet est pratiquement hors de vue, sommet étincelant: Dieu au delà de toute vision directe possible.
En "inversant" cela, j'ai pensé à un Dieu humble, un Dieu caché, un Dieu tout en bas!! Et donc ce qu'admirent les saints, ce n'est pas une haute montagne pratiquement inaccessible; non. C'est au contraire une humilité quasi-inaccessible, une humilité de Dieu qui est tout en bas, comme le petit enfant de la crèche, mais infiniment plus encore. Donc les saints, dans cette vision du paradis, regardent vers le bas, vers un vaste espace, un abîme d'humilité qu'ils entourent.
Ils admirent et louent Celui qui a su montrer la grandeur de l'humilité.
14 janvier 2002
________ Note: à compter de mars 2002, cette page est remplacée, pour l'essentiel, par le nouvel ensemble de pages "Notes".