Notes

(Les notes sont classées par ordre d'entrée, les plus récentes en dernier)
Présentation en 3 cadres

Dernières adjonctions:

58. Marie, toute amour
59. Avec quel esprit jugeons-nous?
60. Dieu très haut et très bas: une approche de la Trinité
61. Encore la louange...
62. Pardon, blessures

La liste complète des titres des notes ("table des matières") figure en fin de texte


1.
"Dieu dont l'amour est infini"
Les prêtres hésitent souvent à dire "Dieu le Père Tout Puissant ...".
Sans chercher à discuter ici le pourquoi de cette hésitation, je note que la plupart disent "Dieu dont l'amour est tout puissant".
Une formule meilleure, que j'ai entendue utiliser par un prêtre, me paraît être: "Dieu dont l'amour est infini".
11 mars 2002

2.
Qu'advienne ta volonté
Le même prêtre (cf note 1 ci-dessus) fait remarquer que la traduction du Notre Père "Que ta volonté soit faite" est au moins ambiguë. Le texte grec dit "génèthètô", ce qui peut se traduire "se fasse" ou encore "advienne". Il ne s'agit pas semble-t-il dans ce texte que nous fassions la volonté de Dieu, mais qu'elle se fasse...
11 mars 2002

3.
La Tente de la louange...
Ma femme est choquée, à juste titre à mon avis, par nos tabernacles qui ressemblent à des coffres-forts soigneusement fermés.
La "tente de la rencontre" à laquelle Jésus nous invite comprend deux tables: la Parole et le Corps du Christ. Tous deux sont au centre de notre louange ("eucharistie").
Peut-on imaginer une église où le tabernacle serait remplacé par une sorte de tente, ouverte, où apparaîtraient côte à côte la Bible et le pain consacré?
On objectera que, lorsque le Corps du Christ est exposé, on est dans le cadre de l'adoration eucharistique. Mais peut-être faut-il réexaminer, réarticuler nos dévotions, pour redonner aux signes et symboles leur juste place.
11 mars 2002
 

Je lis dans "Mémoire vivante" de Gabrielle Baron, Centurion 1981, page 88:
«"L'Eglise elle-même a longtemps placé les Livres saints dans le tabernacle à côté de l'Eucharistie" nous dit l'abbé Fouard». Si cela est exact je me réjouis de proposer ci-dessus une démarche similaire.
23 mars 2002

4.
Bézatha (Jean 5,1-16)
Brève homélie d'Etienne Vetö ce midi à la messe, sur la piscine de Bézatha.
Il note que le paralysé ne répond pas à la question de Jésus ("Veux-tu guérir?"), mais parle du "comment" ("Personne ne m'aide à descendre").
Ainsi nous-mêmes, dans notre relation avec Dieu. Au lieu de lui dire nos désirs, nous restons à ressasser les contraintes, les difficultés. Tournons-nous vers lui et demandons lui ce que nous voulons! Occupons-nous de parler avec lui, et lui agira sur le reste.
12 mars 2002

5.
Se tourner vers Dieu
Il arrive qu'au milieu d'une journée je m'aperçoive que pas une fois depuis le matin je ne me suis tourné vers Dieu pour reconnaître qu'Il est là et me mettre, fût-ce une demi-seconde, en présence de Lui (eh oui, je ne prie pas toujours le matin!). De même à la messe il arrive qu'au bout d'un quart d'heure je me rende compte que pas un instant je n'ai tourné mon coeur vers le Seigneur: j'étais présent avec mon corps, mais mon esprit était loin de Lui.
La prière, me semble-t-il, c'est d'abord et tout simplement cela: se tourner intérieurement vers le Seigneur, un instant, puis à nouveau un autre instant; et recommencer, selon la durée que l'on donne à sa prière.
Le laisser faire le reste: simplement se tourner vers Lui, ne pas "agir" dans sa prière. Etre; savoir que Lui agit.
13 mars 2002

6.
Donner la référence de la lecture
Lors des lectures liturgiques, à la messe notamment, il est rare que le lecteur indique le chapitre exact d'où est tiré le texte qu'il va lire. Pourtant, s'agissant par exemple d'Isaïe, les diverses parties du livre sont de dates et de teneur différentes, de sorte que savoir de quel chapitre il s'agit serait utile.
De manière générale, les lecteurs assidus de la Bible apprécieraient cette précision, qui les aiderait à méditer sur la Parole.
Chez nos frères protestants, c'est au contraire la règle: il est important de préciser, par exemple:
"Lecture de l'Evangile de Saint Jean, au chapitre 9, versets 1 à 41".
13 mars 2002

7.
Bonne nouvelle
C'est un point particulier, un détail en somme, que je vais mentionner ici; mais une réflexion sur le christianisme passe aussi par une série de détails.
Lorsque le prêtre va commencer la proclamation de l'évangile, il dit: "Evangile de Jésus-Christ selon saint..."
Certains prêtres ont pris l'habitude, heureuse à mon sens, de dire plutôt:
"Bonne nouvelle de Jésus-Christ selon saint ..."
Oui, bonne nouvelle !
23 mars 2002

8.
Notre Père, commun aux juifs et aux chrétiens?
On le dit souvent: le Notre Père rassemble, sous une forme unique, des prières qui pour la plupart étaient déjà présentes, de façon éparse, dans la tradition juive (voir par exemple
la documentation chrétienne n° 39).
De sorte que "rien (en lui) ne peut dérouter un juif" (Marcel Jousse, cité par Gabrielle Baron, "Mémoire vivante" p. 100). Gabrielle Baron ajoute:
"La même prière pourrait unir juifs et chrétiens"...
23 mars 2002

9.
Philosophie et théologie
Je reprends ici quelques lignes écrites en 1998 dans "
Echanges Chrétiens sur le Net" sur les rapports entre philosophie et théologie.
La théologie est une réflexion sur ce que nous dit Dieu; la philosophie est une réflexion au niveau humain, avec tous les hommes.
Chacune éclaire ou peut éclairer l'autre. Le chrétien, par la connaissance personnelle qu'il a de l'amour de Dieu, peut faire remarquer au philosophe des lacunes ou des erreurs possibles de son système; la philosophie peut élargir notre réflexion chrétienne, et donc nous amener à poser différemment les problèmes de foi.
Voir aussi, ci-dessous le
12.
23 mars 2002

10.
"Qui a péché?"
On connaît la question des apôtres à Jésus à propos de l'aveugle-né: "Qui a péché, lui ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle?" (Jean 9,2).
Elle correspond à toute une tendance du premier testament:
".. si tu n'écoutes pas la voix du Seigneur ton Dieu en veillant à mettre en pratique tous ses commandements (..) voici les malédictions qui viendront sur toi (..): (..) le Seigneur te frappera de consomption, de fièvre (..) (Deut. 28, 15 à 68).
Ou encore cet autre texte fameux: "... c'est moi le Seigneur ton Dieu, un Dieu jaloux, poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois et quatre générations (..) (Exode 20,5).

De nos jours, on retient surtout la réponse de Jésus ("ni lui ni ses parents n'ont péché..."), et on considérerait volontiers que la liaison péché-maladie indiquée dans le premier testament est erronée.
Mais est-ce bien sûr?

Quand on voit un alcoolique devenir victime d'une cirrhose, un débauché notoire tomber progressivement malade, on doit bien reconnaître qu'il y a, dans certains cas au moins, un lien entre "attitude fautive" et maladie. Et si c'était tout simplement cela que le premier testament voulait dire: que nos actes ont des conséquences!
Il n'en résulte pas bien sûr que les liens causes-conséquences soient toujours clairs: c'est plutôt le contraire qui est vrai.
Mais ces textes du premier testament ont un rôle éducatif qu'il ne faut pas négliger.
30 mars 2002

11.
Le salut, l'au-delà
Le christianisme nous apprend comment vivre en plénitude - sans doute aurai-je l'occasion de développer cette idée dans d'autres notes. Et l'existence après la mort, je la vois comme la continuation, sous une forme modifiée, de notre vie actuelle.

Ce que je dis ici n'est qu'imagination, bien sûr, mais on a parfois besoin de penser à ce que sera l'au-delà.
Il y aura, je pense, de grosses différences avec la vie actuelle: en particulier la relation d'amour entre les êtres sera, j'imagine, beaucoup plus forte qu'actuellement: au point que peut-être tous les hommes constitueront une sorte de "super-organisme" (si on peut appliquer le mot organisme à une réalité qui est sans doute "non-matérielle").

Je vois la vie actuelle, outre sa valeur propre, et dans la ligne de cette valeur, comme étant aussi une préparation à la vie future.
Un peu comme si nous étions des soldats dans un camp d'entraînement, avant de nous rendre à un endroit où il y a des batailles plus difficiles: car, oui, sincèrement, je ne vois pas l'existence après la mort comme un "repos éternel", mais plutôt comme un "lieu" où se poursuivent les enjeux que nous connaissons, d'amour, et de haine.

Donc quand Jésus nous met en garde, quand il nous dit "veillez, priez!", quand Marie, dans ses apparitions, nous dit de même de redoubler notre vigilance, je comprends cela comme l'attitude de gens qui savent ce qu'il y a après, et qui nous mettent en garde: si vous ne menez pas mieux votre bateau, vous allez chavirer, vous ne serez pas prêts pour les courants de l'au-delà.

Le "salut", c'est à la fois avant et après la mort: avant la mort, c'est cette vie nouvelle que Jésus nous permet de vivre par la révélation de son amour; après la mort, c'est une situation qui dépendra peut-être pour une part de ce que nous aurons préparé ici bas par notre attitude d'amour.
30 mars 2002

12
Spiritualité et psychologie
Il me semble que ce que j'ai écrit ci-dessus en
9 sur "philosophie et théologie" s'applique de façon similaire aux relations entre spiritualité et psychologie. Les découvertes de la science psychologique, les techniques de thérapie psychologique, se situent à un niveau "humain", similaire à celui de la philosophie (dont la psychologie a longtemps fait partie). Un bon thérapeute, un bon théoricien de la psychologie humaine, se situera au niveau du fonctionnement "général" du psychisme humain; et ce psychisme existe chez tous les hommes, quelle que soit leur sainteté ou leur foi.
La réflexion spirituelle, l'accompagnement spirituel, se placent dans un cadre plus large: celui de l'expérience de la relation avec Dieu. Cette expérience ne supprime pas notre psychologie, mais elle nous amène à une rencontre avec le Tout-Autre, qui peut être aussi présent - ou plus présent - que le thérapeute dans l'évolution de la personne, et par qui il convient aussi de se laisser guider .
Le dialogue entre ces deux dimensions de la personne est susceptible de les enrichir toutes deux: parce que le cheminement spirituel a ses propres perspectives, qui influeront sur la réflexion psychologique; et parce que notre spiritualité doit être basée sur une vraie connaissance de notre psychologie personnelle.

Le mot spiritualité couvre un champ assez large; ce qui est dit ici concerne la relation personnelle, dans la prière, avec Jésus mort et ressuscité, qui nous ouvre par son amour des chemins de vie.
2/3 avril 2002

13
Naître de nouveau, d'en haut
Jésus s'adresse à Nicodème (Jean 3,3 à 7) et lui dit "A moins de naître d'en haut, nul ne peut voir le royaume de Dieu".
Mais l'évangéliste emploie un terme grec qui a deux significations différentes ("anôthen" - "de nouveau", ou "d'en haut"). Ou bien, et c'est fort possible, il veut dire les deux à la fois ("de nouveau", et aussi "d'en haut"); ou bien il choisit un terme volontairement ambigu comme il aime à le faire: le "monde", la "vie", etc. ont chez lui plusieurs sens, et souvent Jean fait exprès de nous montrer des interlocuteurs de Jésus qui ne comprennent pas ce qu'il dit, qui prennent ses paroles au pied de la lettre, etc.
Pour le passage qui nous occupe, certaines bibles traduisent "Il faut naître de nouveau", et d'autres "Il faut naître d'en haut". Le mot "anôthen" apparaît trois fois dans le chapitre 3; la troisième fois (3,31), il s'agit clairement "d'en haut" ("Celui qui vient d'en haut"). Les deux premières fois, il y a des arguments pour les deux points de vue. La Bible de Jérusalem dit que le double sens du mot grec "n'existe pas dans la langue de Jésus et de Nicodème", et traduit "de nouveau" sans doute parce qu'elle pense que si Nicodème entend "de nouveau", c'est que Jésus a dit "de nouveau"... Mais Jean fait-il le récit sténographique d'un entretien réel?
Plusieurs autres Bibles traduisent au contraire "d'en haut" (en ligne avec 3,31), ce qui me paraît, sur le plan spirituel, plus ouvert.

La nouvelle naissance, naissance d'en haut, n'est en effet pas un événement instantané, réalisé lors du baptême. Comme l'explique souvent Saint Paul, nous ne voyons pour l'instant les réalités spirituelles que comme à tâtons (1 Co 13,12), et notre chemin sur la terre nous permet de progresser un peu dans la compréhension de ces réalités (voir par exemple 1 Co 3,1-2).

C'est tout au long de notre vie qu'il nous faut poursuivre, par l'action de Dieu en nous, cette naissance d'en haut.

Naître de nouveau et "repartir à zéro", comme on le dit dans un chant charismatique? C'est une image, qui est utile d'ailleurs.
Mais en fait il faudra bien accepter notre passé, et non l'oublier.
Naître d'en haut, c'est monter, à partir du baptême, avec tout ce que nous sommes.
9 avril 2002

14.
La Trinité, limite des formulations théologiques
Dans un texte figurant ailleurs sur ce site, j'ai essayé de présenter une réflexion sur la Trinité. La théologie, les mots humains, s'efforcent d'approcher ici une réalité qui nous dépasse.
Dans son livre "
Jésus-Christ l'unique médiateur", Bernard Sesboüé attire l'attention sur les limites de toute formulation, sur le caractère d'image et de métaphore de beaucoup de nos façons de parler de Dieu. Il indique également qu'il ne faut pas pousser trop loin les métaphores ou les images.

En entendant l'acclamation avant l'évangile de ce samedi de la 2° semaine de Pâques, je me suis demandé si l'on ne se trouve pas devant un cas de ce genre:

"Il est ressuscité, le Créateur de l'univers (..)"
Autant que je sache, c'est Jésus qui est mort et ressuscité, et non Dieu le Père. La formulation ci-dessus m'a un peu surpris, je dois le dire.... Certes Jésus a participé à la création ("par lui tout a été fait" - Credo), mais si "Dieu l'a ressuscité" (Actes 2,24), c'est que c'est bien le Fils qui était mort, et non la Trinité dans son ensemble.

Il y a là, me semble-t-il, une simplification, un raccourci, qui nuisent plus à la réflexion de foi qu'ils n'y aident.
S'il ne faut pas minimiser ce que représente l'anéantissement dans la mort de Dieu fait homme, il ne faut pas non plus tout confondre.
13 avril 2002

15
Seigneur, montre-moi mon péché!
Au début de la messe, on emploie en général des formules du type "Seigneur, prends pitié!"
S'il arrive que l'on ressente fortement son état de pécheur, il me paraît beaucoup plus fréquent qu'on ne le ressente pas assez (voir la page "
A propos du péché et de l'humilité").

Dans de tels cas, je trouverais plus approprié de dire, au début de la prière: "Seigneur, montre-moi mon péché!"
Oui, Seigneur, éclaire l'intime de mon coeur, pour qu'au lieu de vivre en ignorant l'amour, je comprenne combien j'en suis loin, et que, éclairé par cette nouvelle compréhension, je sois plus humble et plus fraternel!

Pourquoi nos liturgies ne comprendraient-elles pas parfois de telles demandes (à développer bien entendu), en lieu et place du Kyrie?
14 avril 2002

16
Faut-il plaindre Dieu?
Certains discours religieux s'apitoient sur Dieu le Père, souffrant des souffrances de son fils, et donnant aux hommes ce qu'il a de plus précieux, son fils unique. N'y a-t-il pas là un peu d'anthropomorphisme?
D'ailleurs, s'apitoie-t-on sur Saint François d'Assise, Saint Paul ou Thérèse de l'Enfant Jésus? N'y a-t-il pas en eux une joie profonde?
Certes, le Christ a dit "mon âme est triste à en mourir" (Mt 26,38 et parallèles - et on peut noter que le psaume utilisé par les évangélistes, 41 grec, se termine par un chant d'espoir), et sa souffrance a été réelle et extrême.

Mais n'y a-t-il pas une culpabilité mal placée, et aussi de l'orgueil, dans un discours voulant nous mettre à la place de Dieu et ressentir ce qu'il ressent?
Jésus a dit "ma vie, nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne" (Jean 10,18)

Le plan de Dieu est une merveille; réjouissons-nous, et entrons dans le chemin du Christ, sans chercher à le plaindre ou à plaindre son Père, dont la nature nous dépasse infiniment.
14 avril 2002

17
Est-ce que tu pries avant chaque séance?
Quelqu'un que je connais a débuté une psychothérapie. Un ami prêtre à qui il en parlait lui a demandé: "Pries-tu avant chaque séance?"
Ce conseil me paraît particulièrement judicieux. Tant de choses peuvent être bouleversées par ce travail sur soi, que prier pour demander spécifiquement l'aide du Seigneur, pour rester entre ses mains dans ces circonstances, est une démarche spirituelle en vérité.
17 avril 2002

18
Feed back ...
Comme il est difficile de faire des remarques à quelqu'un, ou à une communauté!
Sur la feuille de
conseils pour la lecture liturgique, j'indique: "après la messe, demandez éventuellement à un ami sur quels points vous pourriez vous améliorer; ainsi nos messes seront toujours plus belles!"
Il devrait s'agir là d'un réflexe général: il me semblerait normal par exemple qu'après chaque messe, l'équipe qui l'a préparée se réunisse et fasse le point; que chacun souhaite savoir ce que les autres pensent!! Mais on n'ose dire ce que l'on pense que si on sent que l'autre est vraiment prêt à l'entendre.

Ceci pourrait s'appliquer aussi à nos communautés (paroisses ou autres): qu'une des fonctions majeures d'une communauté soit l'écoute extérieure! Que n'importe qui ("membre" de la communauté ou non) sache qu'il peut aller trouver le responsable de cette écoute (ou "feed back"), et qu'il sera ... écouté!
Il ne s'agit pas de pouvoir répondre à toute demande, mais au moins de l'entendre, de la comprendre et de la respecter réellement. Et de transmettre aux responsables!! (ce qui suppose un bon dialogue interne au sein de la communauté).
Suivant la méthode bien connue, il s'agirait de pouvoir répéter ce qu'a dit celui qui fait des remarques, en des termes tels qu'il dise: "oui, c'est bien cela que j'ai dit". Puis de transmettre, et d'y réfléchir collectivement; et de garder trace de cette réflexion.
Une attitude d'écoute positive, en somme.

On croit toujours qu'il faut "répondre", argumenter, se défendre et justifier la position du groupe en somme. Rien de tel ici; il s'agit seulement d'écouter.
On pense que cela ne suffira pas à celui qui fait une remarque, et donc qu'il jugera que cela ne sert à rien, parce qu'aucune suite n'est donnée?

Au contraire, c'est prouver qu'on est humbles, et accepter de n'être pas parfaits, sans en faire une excuse.
Et viser à une certaine transparence...
13 mai 2002

19
Ton jugement n'est pas juste...
... parce que tu n'aimes pas!
Cette phrase, que j'ai vue je ne sais plus où, serait de Dostoïevski.
"Juger" a deux sens, et ici les deux sont concernés: c'est avoir une opinion sur quelque chose ou quelqu'un; et c'est critiquer, voire condamner.

Quand on aime, c'est bien connu, on ne voit pas les choses et les gens de la même façon.
Les reproches que l'on pourrait avoir à faire à quelqu'un, les désaccords que l'on a avec ce qu'il pense ou ce qu'il fait, sont énoncés avec bien plus de nuance, et dans un esprit beaucoup plus constructif, lorsqu'on aime.
Mais le fait est que nous n'aimons pas assez, pas beaucoup.

Cela peut, justement, servir de test et de rappel: lorsqu'on s'apprête à critiquer, lorsqu'on a une opinion tranchée sur quelque chose, se dire: tiens, et si je profitais de cette occasion pour aimer davantage?
30 mai 2002

20
Péché "originel"
Le "péché originel", qui ne m'intéresse pas spécialement, est maintenant souvent distingué en deux: un éventuel et hypothétique "péché des origines" (Adam); et une très réelle transmission de "manques d'amour" (attitudes et habitudes contraires à l'amour) par les parents à leurs enfants: c'est cela le "péché transmis".
Plus on vit dans un environnement familial réellement saint (je ne parle pas de piété, mais d'amour du prochain), plus on débute dans la vie avec soi-même une capacité à l'amour plus grande. Ce que je dis ici me paraît finalement banal, beaucoup de psys le disent.

Et je répète, cela ne m'intéresse pas beaucoup. Ce qui m'intéresse, c'est la façon dont je réponds, moi, à Jésus qui me montre ce qu'est l'amour et m'appelle à tout donner.
22 juin 2002

21
Solstice d'été
La "Saint Jean" (naissance de Jean-Baptiste) tombe au solstice d'été, puisqu'elle est 6 mois avant la naissance du Christ, comme le laisse entendre l'évangile.
Une conséquence intéressante de ce décalage de 6 mois est que, la naissance de Jésus ayant été placée au moment où la lumière va commencer à croître, celle de Jean-Baptiste se situe au moment où la lumière commence à diminuer:

"Il faut qu'il grandisse et que, moi, je diminue" (Jean 3,30)
24 juin 2002

22
Le courage d'être doux
Cette belle expression a été employée par notre prêtre dans une homélie récente. J'ignore s'il la tire d'ailleurs et si elle est déjà connue.

Souvent, nous a-t-il dit, on identifie plus ou moins courage à force, voire à violence: les héros du cinéma (Superman, etc.) nous y habituent, et nous-mêmes avons tendance à raisonner ainsi, à penser que courage veut dire tension, conflit, énergie.

"Je suis doux et humble de coeur" a dit le Seigneur
"Mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger" (Mt 11,29-30)

De même l'attitude d'amour est peut-être parfois toute simple, toute douce. Elle pourra paraître inefficace, ou nous attirer des critiques; elle repose sur la foi. Le courage d'être doux.
18 juillet 2002

23
Marthe, maîtresse de maison
En la fête de Sainte Marthe, notre prêtre a choisi l'évangile de Marthe et Marie (Luc 10,38-42), pour nous parler des maîtresses de maison.

Jésus aimait aller chez Marthe et Marie: c'est sans doute qu'on s'y sentait bien, grâce à la maîtresse de maison. C'est si important de faire en sorte qu'on se sente bien chez vous! Donc la tâche des maîtresses de maison (ou des maîtres de maison!) est très importante.

Mais peut-être Marthe veut-elle que l'on remarque ce qu'elle fait! Que l'on place ce qu'elle fait au centre, alors que c'est un service, et que Jésus seul doit être au centre. C'est là sa (petite) faute.

Prenons exemple sur Marthe, conclut notre prêtre: que nos maisons soient accueillantes, pour qu'on s'y sente bien, et qu'on ait envie d'y revenir.
29 juillet 2002

24
Imposition des mains
Un ami nous a raconté que lorsque dans sa jeunesse il a été confirmé, l'évêque qui était proche de sa famille le connaissait bien, et est resté très longuement à lui imposer les mains: au point que les prêtres qui l'entouraient se sont impatientés...
Voilà une imposition des mains qui a un sens! Où l'on prend son temps, et où on prie vraiment pour celui qui reçoit l'Esprit.

Ceci m'a naturellement fait penser à la demande d'effusion de l'Esprit chez les charismatiques: on prend alors bien entendu tout son temps!
Peut-on espérer que les cérémonies de confirmation s'inspirent un peu de l'approche charismatique, et soient vraiment demande d'effusion de l'Esprit?
3 août 2002

25
JMJ: spectacle avec vedette, ou liturgie?
Beaucoup de gens de ma génération n'apprécient pas les JMJ à cause de leur caractère de rassemblement de masse, ni le rôle de vedette que semble y tenir Jean-Paul II.
Je me demande pourtant si le Pape n'a pas mieux compris que nous la nature de notre civilisation:

On dit en effet, "les messes n'intéressent pas les jeunes", et on cherche à faire des liturgies plus festives pour qu'elles leur conviennent mieux. Nos messes du dimanche sont, dans leur structure, la répétition de gestes issus d'une civilisation désormais largement obsolète. Il est indispensable d'inventer des formes nouvelles de rencontres qui correspondent aux courants culturels de notre époque.
Beaucoup de "plus de 60 ans" n'aiment pas les grands rassemblements festifs: mais les jeunes, eux, aiment cela. Les missionnaires ont bien su s'adapter aux cultures les plus lointaines. Les JMJ sont un exemple d'adaptation à une culture, plutôt réussie me semble-t-il.

En ce qui concerne le vedettariat, force est de même de constater que c'est souvent autour d'une vedette, autour d'une ou plusieurs stars, que les jeunes se réunissent. Les journaux sont remplis du culte de la personnalité!
Alors là aussi, oser s'offrir comme vedette, quand on est vieux, malade, comme le fait Jean-Paul II, c'est porter un témoignage très fort: une vedette qui ne représente pas l'argent, le pouvoir, la frivolité, mais au contraire la foi, la force morale, le courage d'agir malgré les difficultés!

Oui, il me semble que les JMJ sont une liturgie, une rencontre de foi et de ferveur, comme il en faut pour notre époque.
18 août 2002

26
Eucharistie et partage
A propos de la présence "réelle" du Christ dans l'eucharistie, un ami, Etienne Andry, écrit dans "
ECN" en substance ce qui suit:

«Le pain devient-il le corps du Christ?
La difficulté vient de la théologie scolastique qui "matérialise"... et conduit à une impasse!

Alors que si on prend Luc 24,35, "ils l'ont reconnu à la fraction du pain", donc au geste de partage (plus qu'à la matière du pain); interprétation confirmée par:
- La multiplication des pains, résumé des gestes liturgiques de la messe: "il prit le pain (="présentation du pain"), il rendit grâce (="prière eucharistique"), il le partagea (="fraction du pain") et le donna (="communion")...",
- Jean qui remplace l'institution de l'eucharistie par le lavement des pieds, geste de service,
- Les Actes des apôtres qui parlent de la fraction du pain par les premiers chrétiens,
- Saint Paul qui précise: "Ceci est mon corps livré pour vous", heureusement rajouté dans la nouvelle formule eucharistique de la messe romaine.

Ma conclusion (personnelle) est que Jésus est présent dans le geste du partage et du service, résumé de la vie et de la mort de Jésus... et donc dans le pain et le vin partagés et donnés en communion (plus que dans le pain et le vin matériels). Il est donc présent réellement dans la réserve eucharistique (tabernacle - saint-sacrement) destinée à être partagée aux malades...»
20 août 2002

27
Petite maladresse
Quand on a peut-être heurté quelqu'un par une maladresse, et qu'il n'est pas facile d'en parler, que faire?

Pourquoi ne pas simplement se tourner vers le Seigneur en disant: "J'ai sans doute mal agi envers untel, envers unetelle. Viens en mon coeur Seigneur, et remplis-moi de ton amour!"

On peut ensuite prier pour la personne que l'on pense avoir peut-être offensée, demander que la paix soit en elle, qu'elle rayonne de l'amour du Seigneur.
24 août 2002

28
Jésus et la maladie
Hier, à propos de l'évangile du jour (la guérison de la belle-mère de Pierre, Luc 4:39), le prêtre nous faisait remarquer l'expression utilisée par l'évangile: Jésus 'interpella vivement la fièvre'.

"Jésus n'est pas tendre avec la maladie, disait-il. Il s'oppose vivement à tout ce qui est mal et maladie.

"Certes, quand nous avons une maladie, ou quand un mal quelconque nous atteint, Dieu peut tirer de ce mal un bien.
Mais notre premier réflexe doit être de dire à Dieu, de façon décidée: 'Seigneur, enlève-moi cela!' ".

Cette attitude du refus du mal s'applique, cela va sans dire, aussi au domaine moral. En ce qui concerne les maux physiques, il faudra bien mourir un jour et donc Dieu n'enlèvera pas toujours nos maladies; mais l'attitude résolue proposée ci-dessus me paraît d'un grand intérêt.
5 septembre 2002

29
Adoration: Dieu présent
Ce matin, priant avant de me lever, je me disais: pourquoi ne pas prier comme si tu étais à une adoration eucharistique?
Et j'ai pensé: l'adoration eucharistique, c'est Dieu présent, Dieu extérieur; alors que les autres formes de prière s'adressent plus ou moins à un Dieu imaginé, à un Dieu intérieur aussi.

L'adoration eucharistique affirme le caractère autre, extérieur, réel de Dieu.

Un Dieu extérieur, certes, mais qui deviendra intérieur lorsqu'on le recevra à la communion.
5 septembre 2002

30
David, Saül, Jésus, Paul
Une petite remarque, "pour ce qu'elle vaut":
Ma femme Catherine note que le roi Saül était de la tribu de Benjamin (1 Samuel 9,1), et David de celle de Juda (1 Samuel 17,12).
Jésus, de même, de la tribu de Juda; et Saül alias Paul ... de la tribu de Benjamin (Romains 11,1)!

On pourrait ajouter que Saül voulait tuer David, et de même Paul tuer les premiers chrétiens. Et que David a pris la place de Saül; Jésus a aussi "renversé" Paul !
19 novembre 2002

31
Dire merci, c'est rendre Dieu présent
Une homélie entendue il y a quelque temps. On peut affirmer, disait le prêtre, que dire merci c'est rendre Dieu présent.
"Le règne de Dieu est au milieu de vous", était-il dit dans l'évangile du jour (Luc 17,21).

Il a pris d'abord un exemple très simple:
"A table, si nous nous adressons à notre voisin pour lui demander un aliment, du sel par exemple, nous le rendons soudain présent à notre repas; il ne s'agit plus simplement d'un face à face avec notre assiette, mais d'une rencontre autour d'un repas. Quelqu'un est là, à qui je me suis adressé et que j'ai remercié pour le don de ce jour.

"Il en va de même avec Dieu. Remercier le Seigneur revient à le rendre présent au milieu de nous. Nous reconnaissons humblement tout ce que nous recevons de lui, en maisons, en frères, en joie... , et nous consentons à le reconnaître derrière tous ces dons. Au-delà du don se cache le donateur; en le remerciant nous le rendons présent à notre vie quotidienne, et au monde. Le Royaume de Dieu advient.

" Et cela est source de salut. Dans le passage qui précède (Luc 17,11-19), parmi les dix lépreux guéris, un seul entend la parole de salut 'ta foi t'a sauvé': c'est celui qui a fait demi-tour pour rendre grâce à Dieu pour sa guérison; celui qui a reconnu Jésus comme la source de sa guérison le reçoit comme son Sauveur.

"Dire merci suppose l'humilité de celui qui reçoit et se reçoit sans appropriation, et cela aussi est chemin de salut, avènement du Royaume de Dieu au milieu de nous."

(Merci au P. Antoine Cousin de m'avoir aidé à retrouver ce qu'il avait dit ! :-)
22 novembre 2002

32
Deux composantes en l'homme, pas trois...
Certains livres s'adressant aux chrétiens affirment que l'homme est constitué de trois "composantes": spirituelle, psychique et corporelle.
Je n'en suis pas sûr.

Que l'homme ait une composante corporelle, qui fait l'objet de son activité physique et de soins médicaux, personne n'en doute; cette composante comprend aussi le substrat physiologique (les neurones, etc.) de son activité psychique.
Une deuxième composante est psychique: c'est l'activité mentale, vue cette fois non plus sous l'angle des supports physiques, mais du langage et de
la relation à l'autre; c'est le domaine de la psychologie et d'autres sciences humaines éventuellement.

Lorsque l'homme entre en relation avec Dieu, ou, dans le cas d'autres spiritualités, avec un "au-delà" (ou un "en dedans"...) qui est plus que lui même, c'est avec sa psychologie qu'il le fait.

On peut si on veut employer le mot "dimension" pour caractériser l'activité spirituelle possible de l'homme: les croyants et autres spirituels se savent ouverts à cette dimension, et savent que d'autres hommes semblent parfois y être fermés. Mais une dimension, c'est bien différent d'une "composante" de l'homme: le mot dimension est en effet une façon de parler de divers aspects d'une réalité, par exemple économique, culturelle, ou psychologique etc. Ainsi on peut dire par exemple qu'il y a une dimension relationnelle dans nos comportements psychologiques.

La relation à Dieu, c'est une relation; cela met en jeu notre psychologie, sous la forme d'une ouverture; cela met en jeu aussi les attitudes de notre corps.

C'est la même chose que pour l'ouverture à l'autre, conjoint ou "plus petit d'entre les miens": c'est avec notre psychologie (qui comprend notre coeur!) et avec nos bras, que nous venons rencontrer l'autre...
Et de même l'Autre.
29 novembre 2002

33
Dialogue entre religions, s'inspirant d'Isaac le Syrien
Je trouve cette phrase, d'Isaac le Syrien:

Quand l'homme saura-t-il que son coeur est pur ?
Quand il estime que tous les hommes sont bons
et qu'il n'y en pas d'impurs, le coeur de l'homme est vraiment pur.

Cela s'applique aux relations avec chacun de ceux que nous rencontrons, dans notre vie quotidienne, afin de ne pas les juger; de voir la bonté qui est en eux.

Il m'est venu à l'idée que cela s'appliquait aussi, entre autres, aux relations entre religions: suis-je capable de penser à tel ou tel membre ou responsable de communauté religieuse non chrétienne en ces termes d'amour profond?

Voir tel imam, tel rabbin, tel bonze, non pas seulement comme un homme que l'on apprécie et dont on respecte les convictions, mais comme quelqu'un qui est la pureté, qui est l'amour...
Difficile conversion du coeur?
7 janvier 2003

34
Un témoignage de chant en langues
Un ami m'a raconté ce qui suit. Proche des charismatiques, il était à Rome, en 1975, dans la basilique Saint Pierre, à l'occasion de la reconnaissance officielle par Paul VI du mouvement charismatique ("Le mouvement charismatique est une chance pour l'Eglise et pour le monde").

Dans la basilique il y avait environ 50000 personnes, dont 10000 charismatiques. Mon ami s'était écarté du groupe des charismatiques et se trouvait dans un autre secteur de la basilique, au milieu de la foule romaine, lorsque, après l'élévation, un chant en langues a jailli de la totalité de la zone où se trouvaient les charismatiques.

"Et alors, ajoute mon ami, voici que dans ma bouche ma langue s'est mise à remuer toute seule et que je me suis mis à chanter en langues pour la première fois, à l'unisson des autres charismatiques, sans pouvoir contrôler en quoi que ce soit ni arrêter ce phénomène qui me paraissait incongru (à l'époque) et me gênait par rapport aux gens qui m'entouraient."

"Les gens qui étaient autour de toi, comment ont-ils réagi?" lui avons-nous demandé.
"Ils étaient occupés à leurs propres dévotions, et il me semble qu'ils ne se sont aperçus de rien".
28 janvier 2003

35
Jésus ton enfant
Dans le "Je vous salue Marie", on vouvoie Marie, alors que maintenant dans le "Notre Père" on tutoie Dieu...
C'est peut-être pour cela que les charismatiques catholiques ont créé une version légèrement différente de cette prière: "
Réjouis-toi Marie" (et il y a en fait plusieurs variantes de cette version...). Personnellement je trouve d'ailleurs qu'il est un peu drôle de dire à Marie de se réjouir (elle sait mieux que nous ce qu'elle a à faire! - je sais que c'est une des traductions possibles des paroles de l'ange, mais quand même).

Laissons cela. Ce qui m'intéresse, c'est la phrase "le fruit de vos entrailles", ou bien, chez les charismatiques, "le fruit de ton sein". Ce n'est pas la façon dont on parle normalement de son enfant à une femme!

C'est pourquoi je me suis réjoui de découvrir un chant (qui semble avoir un numéro "14-17", la musique étant de "Frère Jean-Baptiste de la Sainte Famille o.c.d.") dans lequel l'expression retenue est tout simplement:
"
Et Jésus votre enfant est béni".

Ce serait vraiment facile à adopter, tant dans la version où l'on vouvoie que dans l'autre.
En attendant le jour où on n'en aura plus qu'une!
1° février 2003

36
Réconciliation
Dans certaines communautés religieuses, il est prévu régulièrement un temps de réconciliation entre frères (et/ou soeurs). Qu'entend-on par là? Je crois comprendre que, notamment, si on subodore que quelqu'un peut avoir des raisons de vous en vouloir, on essaie d'en parler avec lui: rien d'obligatoire cependant.

Mais je viens de vivre, dans une association chrétienne, une situation qui m'aide à mieux percevoir dans quel esprit aborder cette réconciliation. A la sortie d'une crise que nous avons vécue, il y a des réconciliations qui sont à rechercher: en acceptant que l'autre vous dise ce qui l'a blessé, et en le laissant parler; même si on se sent soi-même blessé par ailleurs.
C'est un peu la croix du Christ qu'il faut accepter ici: on n'approuve pas forcément ce que dit l'autre; on souffre éventuellement parce que lui, dans cette rencontre cherchant la réconciliation, ne vous écoute pas. Mais un rapprochement a lieu. L'amour mutuel reprend le dessus.

Voir aussi: Malentendus de la réconciliation
9 février 2003

37
Abel, liberté de l'élection
Le texte de Genèse 4,3-5 a donné lieu a de nombreuses interprétations, qui cherchent en général à comprendre pourquoi le sacrifice d'Abel semble agréé par Dieu, et pas celui de Caïn. Mais le texte hébreu ne dit pas cela! Il dit simplement: "Dieu ne se tourna pas vers Caïn et vers ses offrandes".

Liberté de Dieu, que Paul nous rappellera tout au long de l'épître aux Romains! Il n'est pas dit que Dieu a rejeté Caïn: simplement il a choisi Abel! Dieu devrait-il ne jamais choisir personne? Ou surtout, répondre automatiquement, obligatoirement, à nos prières? Nous serions alors dans la magie; Dieu ne serait plus Dieu mais un instrument à notre service.

Dieu s'est tourné vers Abel, il l'a choisi. Abel, serviteur choisi, est, du coup, mis à mort, comme les prophètes et Jésus.
18 février 2003

38
Je te confie mon coeur
Il m'arrive souvent, comme à beaucoup de chrétiens je pense, de présenter une circonstance ou un groupe de gens à Dieu, en disant: "Je le remets entre tes mains: à toi de diriger ces événements comme tu l'entends; je te confie telle association, je la remets entre tes mains, pour que tu la prennes en charge et la dirige; je te confie tel trajet en voiture qui s'annonce difficile". Etc.

S'agissant de mon attitude intérieure quotidienne et de tous les manques d'amour qui l'accompagnent, j'avais pensé dire au Seigneur: "Je te confie mon regard, je le remets entre tes mains"; "Je te confie ma voix", etc.

Mais finalement le plus simple et le mieux m'a semblé être de lui dire: "Je te confie mon coeur; je le remets entre tes mains."
Avec la même confiance que j'ai quand il s'agit de lui confier des événements extérieurs.
26 février 2003

39
C'est quoi, un miracle?
Un ami chrétien me demande: c'est quoi un miracle ?
Voici ce que je lui écris:
Avant de répondre directement, je te renvoie à la
critique que j'avais faite d'un article du Père Sevin: cela te montrera déjà mon attitude.

Ma position est que nous ne savons pas grand chose de ce qui est "possible" ou "impossible" et que ceux qui prétendent connaître les "lois de la nature" se fourrent le doigt dans l'oeil.
Donc la piste de dire "Dieu respecte les lois de la nature" me paraît sans intérêt, et de toute façon présomptueuse: qui sommes nous pour dire à Dieu ce qu'il doit faire.
Puisque je crois en Dieu, et que je crois que Dieu est tout puissant, je crois que tout lui est possible (exemple: soleil qui tourne - ou qui semble tourner, pour toute une foule! - à Fatima, pas ailleurs).

Faut-il donner une définition du miracle? Je n'en vois pas trop l'intérêt. Je dirais que c'est un signe qui manifeste à ceux qui en sont bénéficiaires ou témoins la liberté de Dieu, en réalisant quelque chose qui semble impossible... :-)
Mais cette "définition" demande sûrement à être approfondie! :-)
mardi 11 mars 2003

40
Je te salue, Marie
J'ai déjà évoqué ci-dessus l'expression "Réjouis-toi Marie" utilisé parfois pour traduire le "Kaïré" grec. Mais brusquement je viens de me rappeler, en lisant un livre de Pierre Perrier (Evangiles de l'oral à l'écrit - Le Sarment 2000, page 226) ... que la langue de Marie n'était pas le grec! Donc l'Ange ne lui a certainement pas dit "Kaïré", salutation naturelle en grec (cela veut dire simplement "bonjour").

L'ange lui a plus probablement dit "La paix soit avec toi" (le "Shalom" hébreu ou le "Salam aleikoum" arabe)!
samedi 15 mars 2003

41
"Je ne suis pas digne"
Avant de communier, nous répétons la parole du Centurion: "Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir". Mais pourtant, depuis le discours après la Cène, et avec la mort et la résurrection de Jésus, nous savons bien qu'Il nous appelle ses amis...
Si j'imagine qu'une personne très sainte vient dans ma maison, Soeur Emmanuelle par exemple, ou Mère Teresa avant sa mort, est-ce que je dirai: "Je ne suis pas digne que vous entriez chez moi?" Je n'ai pas l'impression: car plus cette personne sera sainte, plus je serai, je pense, à l'aise avec elle car elle sera tout amour! Donc si Jésus venait chez moi... j'aurais la conviction d'accueillir mon ami le plus cher. Enfin c'est ce que j'imagine.

Donc de ce point de vue, dire "Seigneur je ne suis pas digne" ne me convient pas! Je peux penser, dire, que j'ai conscience de la distance énorme entre lui et moi, mais le baptême a fait de moi un fils adoptif, et donc il ne convient plus de macérer dans l'auto-dénigrement. Je suis heureux de le recevoir! Et il m'en a rendu digne!

Mais si au lieu de me centrer sur le sens précis des mots, je me laisse porter par la prière de l'Eglise, je sens en moi ma petitesse! Et j'imagine cette fois que je suis un clochard, couvert de vermine, qu'une dame fait entrer chez elle, et invite à venir s'asseoir sur un canapé en tissu magnifique! Non, vraiment, je n'oserais pas, cela ne me paraîtrait pas convenable! Et de même, toujours si je suis un marginal, si c'est dans ma cahute misérable qu'une personne que j'estime veut entrer, je lui dirai: vraiment non, restons dehors! Mon chez moi est trop moche!
mardi 15 avril 2003

42
Demander pardon par écrit?
Dans certaines retraites on propose aux retraitants, au bout de quelques jours, d'écrire s'ils le veulent une lettre de réconciliation ou de demande de pardon à une personne; cette lettre sera ensuite éventuellement postée.

Cette proposition de poster une lettre, c'est à dire de tenter une réconciliation par écrit, me paraît très discutable.

Il peut certes y avoir des cas où une réconciliation ne peut s'amorcer que par écrit, tant la coupure est grave; encore faut-il que la lettre soit extrêmement prudente, aimante - rédigée après avoir beaucoup prié et pensé avec amour à la personne.

Mais normalement c'est de vive voix, dans une rencontre, que l'on doit poser des actes de réconciliation: ne serait-ce que pour s'assurer au fur et à mesure de la rencontre que l'on a un véritable dialogue avec la personne à qui l'on s'adresse.

Car de quoi s'agit-il? De se faire pardonner quelque chose? Est-ce vraiment par amour pour l'autre que l'on recherche ce pardon, ou pour se mettre en règle avec ses propres remords? Si elle doit donner bonne conscience à l'un et faire du mal à l'autre, quel est son sens, quelle est sa valeur?

Plusieurs personnes m'ont fait part de cas où la réception par le destinataire d'une telle "lettre de réconciliation", loin d'avoir produit l'effet espéré, a renforcé la coupure. Pourquoi? Parce que la lettre n'a pas reconnu, repéré, quelle était la souffrance de l'autre, et a constitué au contraire une confirmation, pour le receveur, de l'incompréhension dont fait preuve l'autre, plus préoccupé de sa propre perfection et de ses propres problèmes que d'un véritable dialogue.

Cela peut être le rôle de l'accompagnateur de recentrer sur la possible réaction de l'autre, afin d'éviter ces dérives et de ne peut-être pas se centrer uniquement sur l'acte d'humilité voire d'humiliation.

Pour aimer l'autre il faut le connaître, l'interroger, l'écouter. La procédure écrite n'est pas adaptée.

Voir aussi: Malentendus de la réconciliation
mardi 15 avril 2003

43
Habille-toi de joie!
La joie, le sourire, sont essentiels: pour soi-même et pour les autres. Deux exemples bien différents:

Quand on chante, à la messe ou à un office, il est bon, si l'on peut, de laisser monter en soi la joie: au lieu de chanter simplement avec la bouche, de développer une attitude de joie, de sourire, pour chanter avec tout son être. Je pense souvent, dans ces cas là, à la cloche de certaines abbayes, qui appelle joyeusement à l'office! Comme la cloche, je chante avec tout mon corps, je me laisse aller, je célèbre le Seigneur avec toute la joie que je peux.

Une situation toute autre. Aumônier du mouvement du Nid (aide aux personnes prostituées), Jacques Arnould écrit dans son livre Accueillir la différence (Ed. de l'Atelier): "Offre-leur, offre-toi ... la grâce du sourire. (..) Le sourire, même strictement physique (..) peut toucher le coeur (..). Mais, pour se revêtir d'un sourire, il faut accepter de se dévêtir. (..) Nous présenter tels que nous sommes. Sans armure. Nus. Sans rien dissimuler de nous-mêmes(..). Nus, seulement habillés d'un sourire." (p. 71)

Habillés seulement d'un sourire!
vendredi 18 avril 2003

44
Laisser Dieu libre en moi!
Un sermon entendu aujourd'hui: nous accueillons Dieu en nous, nous lui disons de venir. Mais est-ce que nous le laissons libre ensuite?! Est-ce que nous le laissons vivre en nous, et agir comme il l'entend?
"Le Christ va se manifester parmi nous, Celui qui est, qui était et qui vient, Dieu parmi nous, va dresser sa tente" (
Sylvanès)
Oui, nous sommes libres, accueillons-le libre en nous!
mardi 29 avril 2003

45
"Ceux que nous n'aimons pas assez"
J'aime beaucoup cette phrase de la deuxième prière eucharistique pour enfants.

Pardonner, certes, est nécessaire, et plusieurs textes de ce site y sont consacrés: mais reconnaître, tout simplement, en regardant quelqu'un à qui on en veut, qu'on ne l'aime pas assez, c'est très puissant aussi! Et c'est tellement proche de l'attitude qui me paraît naturelle en matière de péché.

Je le vois, ou je la vois, là bas, et je sais combien mon coeur garde de mécontentements, d'insatisfactions. Mais si je pense tout simplement que je n'aime pas assez, alors je redeviens, en vérité, quelqu'un de simple, d'humble, de libre.
mardi 29 avril 2003

46
Présences...
Dans l'église, avant la messe, ce dimanche, je me recueille les yeux fermés; je me tourne vers le Seigneur et me donne à lui; et en même temps je me tourne intérieurement vers mes frères, présents ou absents, et je m'unis à eux.
Présence de Dieu; présence des hommes, aux hommes.

Et voici que débute le chant d'entrée, dans lequel on chante "le Christ est présent!"

"Dieu" était présent à ma prière, mais pas sous la forme du Christ. Et si je cherche à spécifier les formes de la présence de Dieu dans la prière qui était la mienne, il y avait bien sûr Dieu tout puissant, créateur et providence; et il aurait pu y avoir l'Esprit, présence bouleversante au sein de mon coeur.

Jésus, présent? Il m'a fallu quelque temps pour me rappeler où j'étais! A la messe! A écouter le Christ Parole! A recevoir le Christ, pain partagé depuis les origines de l'Eglise!

Présence concrète, et non pas seulement dans ma prière.
dimanche 4 mai 2003

47
Coeur donné, coeur partagé!
L'expression "coeur partagé" est souvent employé dans un sens négatif: coeur qui n'est pas entièrement donné à Dieu. Ce n'est pas du tout le sens que je retiendrai ici: je ne considère pas que j'aie, au sens précédent, le coeur "partagé", je me donne au contraire volontiers entièrement au Seigneur.
Pourtant cette expression me plaît, mais dans un sens plus positif: je sais bien que mon coeur n'est pas à longueur de journée dans la prière, et que j'ai, comme tout humain, mes centres d'intérêt, mes objectifs, normaux.

Et c'est avec joie que je sens deux parties en moi: une partie qui vit déjà avec le Seigneur, et une autre qui, comme il est normal, vaque à mes activités. Quel bonheur d'avoir une partie de moi qui est déjà au Seigneur!

Me reconnaître double (c'est à dire ayant deux parties en moi), fondamentalement double, est en même temps une façon de m'accepter.

Et d'accepter les autres: car quand je vois que quelqu'un est violent, je me rappelle plus facilement qu'il y a une partie violente en moi; si quelqu'un est maladroit, je me rappelle la partie maladroite qui est en moi. Je prends de la distance par rapport à cette partie de moi-même, et je l'accepte en même temps que j'accepte les autres.
lundi 12 mai 2003

48
Anges gardiens
Un peu plus intime que ne le sont d'habitude ces "notes", voici une forme de prière que j'utilise maintenant parfois, dans la ligne de la prière d'union. Elle s'inspire librement de Padre Pio, dont on dit qu'il parlait avec les Anges gardiens ("envoie-moi ton ange gardien"!)

Cette prière, c'est en effet d'imaginer que j'envoie mon ange gardien auprès de quelqu'un dont je sais qu'il souffre ou qu'il est en danger. J'envoie mon ange rencontrer l'ange de l'autre, entourer l'autre, dire à l'autre que Dieu l'aime.
Je l'utilise aussi quand je sens que j'en veux à quelqu'un, ou que mes relations avec lui ou elle semblent devenir plus difficiles.

Pourquoi pas?
mardi 27 mai 2003

49
Critique, mépris
Dans son excellent livre "Guérir", David Servan-Schreiber évoque aussi les relations humaines, et notamment (pages 207 et suivantes) l'effet destructeur des critiques et du mépris, même inconscient et n'apparaissant que par les expressions du visage. Lui-même, et un autre auteur que je n'ai pas retrouvé, insistent sur deux attitudes de base à respecter lorsqu'on veut énoncer une critique: bien parler en son nom propre, et non comme s'il s'agissait de vérités absolues ("je ressens", ou plus rarement "mon opinion personnelle est que..."); et finir par une ouverture: qu'est-ce que vous, vous en pensez? Ainsi l'interlocuteur est reconnu, le dialogue est proposé.
mercredi 11 juin 2003

50
Pentecôte et Horeb
Tout le monde connaît le célèbre texte d'Elie à l'Horeb (1° livre des Rois 19,11 à 13): la venue de Dieu s'accompagne d'un vent puissant, d'un tremblement de terre, puis d'un feu, et enfin d'un souffle ténu.

Ma femme fait remarquer que la Pentecôte s'accompagne exactement des mêmes signes:
Un vent violent, "coup de vent" qui remplit la maison (on ne dit pas qu'elle est secouée, il est vrai); un feu; puis la parole.

Cette analogie n'est pas mentionnée me semble-t-il dans les notes des Bibles; Luc pouvait fort bien l'avoir en tête!
vendredi 13 juin 2003

51
"Il en est de présents ici qui ne connaîtront pas la mort...
... avant d'avoir vu le royaume".
Ce passage des synoptiques (Mt 16,28; Mc 9,1; Lc 9,27) a reçu diverses interprétations, sans qu'il y ait accord.

Une amie vient de nous faire remarquer que le passage qui suit immédiatement... est la Transfiguration: Pierre, Jacques et Jean voient Jésus dans sa gloire! Une possibilité est donc que ce soit tout simplement cet événement qui soit annoncé par la phrase précédente!

Un argument en ce sens est ce que les disciples de Marcel Jousse, avec d'autres, appellent l'accrochage des passages entre eux, par différentes techniques destinées à en favoriser la mémorisation en "colliers".
Il y a certes une petite différence entre "royaume" et "gloire", mais c'est quand même bien la même idée.

Un autre exemple célèbre d'accrochage entre passages est proposé - bien qu'il n'utilise pas ce concept - par le père R.-L. Bruckberger (voir sur ce site Combien de "Marie"?) à propos de la phrase (Luc 7,35) qui précède l'épisode de la pécheresse repentie ("la Sagesse a été reconnue par tous ses enfants").
vendredi 13 juin 2003

52
La guérison n'est pas un dû
Certains prédicateurs chrétiens affirment avec force que Jésus sauve, et se vantent des miracles de guérison qu'ils réalisent. Les mêmes, ou d'autres, vont jusqu'à dire que si nous n'obtenons pas satisfaction dans nos prières, et par exemple si nous n'obtenons pas de miracles de guérison, c'est parce que notre foi n'est pas assez forte!

Le salut que Jésus apporte n'est pas la guérison! Et Dieu n'est pas un exécutant qui réalise ce que nous lui demandons, pourvu que nous y mettions suffisamment de force!
Deux passages d'évangile peuvent nous aider à y voir clair.

En Matthieu au chapitre 7 versets 21-23:
".. il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. Beaucoup me diront en ce jour là: 'Seigneur, Seigneur! n'est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé? en ton nom que nous avons chassé les démons? en ton nom que nous avons fait de nombreux miracles?' Alors je leur déclarerai: 'je ne vous ai jamais connus; écartez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité'".

Et en Luc au chapitre 10 verset 9:
"Guérissez les malades qui s'y trouveront, et dites-leur 'le Règne de Dieu est arrivé jusqu'à vous'". (trad. TOB)

Le premier texte montre que guérir ne prouve pas que l'on agit réellement selon la volonté du Seigneur. Le deuxième insiste sur le lien entre la guérison et le royaume: le but, c'est le royaume; la guérison doit en être un signe.

Ce que le Seigneur attend de nous, c'est que nous annoncions le royaume à travers les guérisons! Le miracle est signe d'une réalité qui le dépasse; il n'est pas un but en soi.

Il faut demander, certes, mais aussi savoir dire avec Jésus "Que ta volonté soit faite et non la mienne" (Luc 22,42).

La guérison n'est pas un but en soi, ni un dû; c'est la progression de l'amour en nous qui est la voie la plus belle.
mercredi 2 juillet 2003

53
"Elle ne pouvait pas pécher"
Un ami, parlant de Marie, disait en substance: "De toute façon, elle, elle ne pouvait pas pécher, elle avait été conçue sans péché". Un peu comme si Marie avait été dotée d'une armure inoxydable, et comme si les péchés étaient des actes bien précis, que l'on commet ou que l'on ne commet pas: Marie, la veinarde, passait sans problème au milieu de tout cela.

Ce n'est pas du tout ma conception du péché, ni de la situation de Marie. Le péché, c'est l'absence d'amour (voir "A propos du péché et de l'humilité"), c'est un amour insuffisant. En Jésus, l'amour est parfait, en Marie aussi. Ce n'est pas une armure, c'est une disponibilité complète, du premier jour de sa vie au dernier.

Marie, je l'ai peut-être déjà dit ailleurs, représente me semble-t-il la fleur d'Israël: tandis qu'une partie d'Israël attendait un messie puissant, roi terrestre victorieux imposant son pouvoir, une autre partie d'Israël, ayant lu différemment les prophètes, avait compris que c'est la conversion du coeur, l'humilité, la disponibilité à Dieu qui est la porte du royaume de Dieu. Ces "pauvres" et petits d'Israël étaient prêts à accueillir le message de Jésus, tandis que les autres l'ont rejeté. Marie, plus qu'aucun autre membre du peuple juif, était prête à l'accueillir: de sorte qu'elle l'a accueilli en elle!

Beauté de l'amour, fleur magnifique qui nous a valu un si beau fruit! En Israël, certains avaient si bien compris l'amour qu'ils le vivaient dans toute leur vie; Marie est le sommet de cette histoire, la plus belle des enfants des hommes.

Voir aussi ci-dessus la note sur le péché originel .
vendredi 11 juillet 2003

54
Trois jours, à 12 ans
Le texte de Luc 2,41-51, Jésus restant trois jours au temple à 12 ans, est bien connu. En le réentendant hier, j'y ai vu non pas un, mais quatre ou cinq points communs avec les récits de la mort et de la résurrection! (Ce qui laisse supposer que Luc avait bien en tête ce parallélisme)
D'une part, bien sûr, Jésus disparaît pendant trois jours.
Mais il est question aussi, en 2,48, de la douleur de Marie (soeur Jeanne d'Arc dit même "supplice").
Et, de même que les anges diront "Pourquoi (le) cherchez-vous..." (Luc 24,5), Jésus dit à ses parents: "Pourquoi me cherchiez-vous?"

Egalement, il a quitté ses parents pour être dans la maison de son Père (le temple), s'occuper des "affaires de son Père"; avant sa passion il annoncera qu'il s'en va auprès du Père (Jn 16,10 notamment).
Notons enfin qu'il s'agit des premières paroles de Jésus, la mort et la résurrection s'accompagnant de ses dernières paroles...
lundi 29 décembre 2003

55
Esprit; groupes de prière
Je comprends le Saint-Esprit comme étant "plus" que simplement l'amour du Père et du Fils, dont le flux d'amour viendrait en nous: je le pense vraiment comme une personne, comme un être mystérieux, aussi personnel et présent que Jésus l'était auprès de ses apôtres.
Les groupes de prière charismatiques (auxquels je ne participe pas actuellement) me paraissent du coup comme des "liturgies" centrées sur l'écoute de l'Esprit et sa louange. Bien sûr, comme nous sommes au 21° siècle et qu'il n'y a pas le poids de toute la tradition, cette liturgie n'a pas le même caractère formel que dans la messe (et pour une part c'est dommage, car le respect et l'attitude de prière et de silence risquent d'être insuffisamment mis en évidence).
Comme pour toute liturgie, on peut dire que la qualité de la prière dépend pour une part de l'intelligence spirituelle de ceux qui animent, et de la profondeur de l'amour véritable qui est en eux.
Et il peut exister des groupes de diverses tonalités humaines, et de différentes orientations spirituelles voire théologiques: avec lesquelles on peut ou non se sentir à l'aise.
"Je crois en l'Esprit Saint,
"Il est Seigneur et il donne la vie" (Symbole de Nicée-Constantinople).
lundi 10 mai 2004

56
"Selon les lignes montantes"...
Un texte de Teilhard de Chardin, dont je n'ai pas les références, dit me semble-t-il que toute personne peut être regardée selon les lignes qui descendent, qui vont vers la dégradation, le péché, ou au contraire selon les lignes montantes, qui vont vers l'épanouissement, la lumière, la grâce.
Cela me paraît extrêmement vrai.

J'ai pensé aujourd'hui que cela s'applique aussi à beaucoup d'autres choses: aux situations dans lesquelles on se trouve, par exemple, et où on s'énerve; on peut en voir (ou essayer d'en voir) les aspects positifs... Ce qui rejoint la "puissance de la louange".

Et cela s'applique aussi, eh oui, à toute phrase, à toute affirmation "intellectuelle": quand j'entends une phrase, par exemple dans la liturgie ou dans un chant religieux, qui me paraît un peu discutable, pas satisfaisante, je peux quand même voir "ce qu'il y a de vrai dedans", ou encore sous quel angle il faut l'entendre pour que cela contienne du vrai (j'emprunte cette dernière idée à un livre américain).

Ce qui s'applique aussi nos conversations ou discussions de tous types avec un interlocuteur....
mardi 25 mai 2004

57
Psychologie et ... exégèse!
Il y a, aussi curieux que cela puisse paraître, des points communs entre la situation de la psychologie et celle de l'exégèse dans les milieux chrétiens.

L'exégèse nous apprend à regarder les textes bibliques en tenant compte de leur histoire, de leur style, de la réalité historique telle qu'on peut la reconstituer, etc.: et donc à ne pas prendre au pied de la lettre tout ce que dit la Bible. L'exégèse a eu du mal à être acceptée au début du XX° siècle; les "fondamentalistes" continuent à n'en accepter ni l'approche ni les conclusions.

Par rapport à notre vie spirituelle la science psychologique se trouve un peu dans une situation analogue. Certains milieux chrétiens semblent ne pas accepter l'idée que notre psychologie a des structures, des lois, et qu'il est bon de les connaître et d'en tenir compte dans tout itinéraire spirituel.
Donc de connaître les principaux auteurs, leurs conclusions, et ce que l'on peut en déduire sur la façon d'aider ceux qui ont des difficultés psychologiques (c'est à dire à peu près nous tous!). C'est une discipline qui a ses spécialistes, comme l'exégèse.

Les siècles passés ne bénéficiaient pas de ces connaissances (tant exégétiques que psychologiques!). Mais maintenant que nous les avons, on ne peut pas faire comme si elles n'existaient pas.
samedi 19 juin 2004

58
Marie, toute amour
En ce 15 août, les catholiques célèbrent le 150° anniversaire de l'adoption par leur église d'une conviction commune, à savoir que Marie n'a jamais péché.
En entendant mentionner à la radio "l'immaculée conception" (puisque c'est ainsi que l'Eglise continue à désigner cette réalité), j'ai regretté que l'on n'emploie pas des mots qui permettraient à tous les auditeurs de comprendre ce dont il s'agit: à savoir que Marie est toute amour, que du début à la fin de sa vie elle était ouverture à l'amour, confiance en Dieu.

Pourquoi ne pas remplacer, au moins dans certains cas, l'appellation traditionnelle par cette appellation si simple: "Marie toute amour", et désigner ainsi la fête du 8 décembre?

On sait combien d'erreurs sont associées, dans l'esprit du public, à l'appellation "immaculée conception" (on croit souvent - même un participant aux récentes émissions d'Arte a fait l'erreur - qu'il s'agit de la conception virginale du Christ).

Mais plus généralement ces deux mots, "immaculée" et "conception", comportent des connotations qui me paraissent inappropriées: le péché originel - puisque c'est d'abord de lui dont il s'agit - n'est pas véritablement lié à la "conception", au sens de fécondation, ou alors c'est en revenir aux idées de Saint Augustin (voir texte du père Duval-Arnould) comme quoi toute relation sexuelle est pécheresse! Quant à l'adjectif "immaculé", il tend à présenter le péché comme une tache sur nos vêtements, à lui donner un aspect formel, moralisateur, alors qu'il s'agit d'absence d'amour - et l'on n'aurait pas l'idée d'employer le mot "immaculé" à propos de la présence ou de l'absence de l'amour...
(Voir ci-dessus le texte
53)
samedi 14 août 2004

59
Avec quel esprit jugeons-nous?
Homélie à la messe ce midi, à propos de 1 Corinthiens 2,14-16.: "Seul l'Esprit permet de bien juger".
"Nous jugeons beaucoup les autres, et nous sommes sûrs de nos jugements.
"Saint Paul aussi avant sa conversion était sûr de son jugement; ensuite il est sans doute devenu plus prudent, en essayant de distinguer dans ses jugements ce qui était de lui et ce qui venait vraiment de l'Esprit.

"De même, essayons de bien voir quand nous jugeons si c'est l'Esprit en nous qui juge."
mardi 31 août 2004

60
Dieu très haut et très bas: une approche de la Trinité
Nous montons vers Dieu (du moins nous le désirons); et après la mort, j'en suis persuadé, nous continuerons à monter.

Dieu, le "Très Haut", est le Père, qui est au dessus de tout.

Jésus, pour sa part, s'est montré le "Très bas" (pour reprendre l'expression de Christian Bobin). Il nous a fait comprendre que l'humilité, le service, l'acceptation de l'anéantissement, sont au coeur de l'amour véritable.

Avec le "Très bas", nous montons donc vers le "Très Haut".

Et qu'est-ce qui nous aide en chemin, sinon l'Esprit?
L'Esprit nous fait donc aller en quelque sorte du Fils vers le Père, de notre condition humaine vers la vocation divine à laquelle nous sommes appelés.

Il relie, de ce point de vue, le Fils au Père. Il est courant d'amour dans lequel nous montons.
mercredi 16 septembre 2004

61
Encore la louange...
Bien que le blog "Aimer approches" existe depuis quelques temps, il me semble que certaines réflexions vont continuer à trouver mieux leur place ici.

Sur la louange.
Je lui vois ces jours-ci notamment les trois facettes suivantes:
Une admiration devant les merveilles d'amour que la vie en Jésus et dans l'Esprit nous permet d'expérimenter intérieurement et dans nos relations avec ceux que nous rencontrons. Et un remerciement pour tout ce qu'il nous donne de beau, de grand, les amis, etc.
Une attitude positive face à ce qui nous arrive et que nous n'aimons pas, qui nous attriste etc. ; que nous acceptons dans la foi comme nous conduisant vers Dieu: le choix d'essayer de ne pas juger et de voir les choses autrement, de prendre de la distance (c'est surtout sur cela que
Merlin Carothers insiste).
Et enfin, dans la prière, une façon de nous laisser porter par l'Esprit: détente de la volonté qui permet de se laisser entraîner par les flux de l'Esprit et de les laisser agir en nous et par nous; l'Esprit sait mieux que nous ce qui est bon.

La louange n'est pas vraiment naturelle; il faut l'exercer sans cesse.
samedi 2 avril 2005

62
Pardon, blessures
Lorsque nous nous sentons agressés par une situation, que nous en voulons beaucoup à quelqu'un, ou que nous nous rendons compte qu'au fond de nous nous le haïssons ou le haïssions, que demander dans la prière au Seigneur?

Je pensais qu'il fallait notamment demander "Seigneur, apprends-moi à pardonner". Mais les sentiments sont trop forts, le pardon ne vient pas comme cela!

Alors il est bon de commencer par regarder ses blessures: de regarder en quoi on a été affecté. Et tout simplement de demander au Seigneur de guérir les blessures que l'on a. De les lui confier, de lui demander de les apaiser, de les prendre entre ses mains.
Jésus a guéri beaucoup de gens pendant sa vie; voilà l'occasion de demander à notre tour à être guéri, à être délivré de ces sentiments qui nous oppressent.

Cela rejoint tout à fait d'ailleurs les conseils donnés par certains livres de psychologie, qui se placent, eux, dans la relation face à face avec quelqu'un: au lieu de dire à l'autre "tu as fait cela", ils conseillent de constater "je ressens ceci".

Seigneur, je te confie ce que je ressens. Mets sur mes blessures un peu de ta paix.

Et cela s'applique aussi aux peurs: ce sont des blessures.

dimanche 3 avril 2005

 


Table des matières            

1. "Dieu dont l'amour est infini"
2. Qu'advienne ta volonté
3. La Tente de la louange...
4. Bézatha (Jean 5,1-16)
5. Se tourner vers Dieu
6. Donner la référence de la lecture
7. Bonne nouvelle
8. Notre Père, commun aux juifs et aux chrétiens?
9. Philosophie et théologie
10. "Qui a péché?"
11. Le salut, l'au-delà
12. Spiritualité et psychologie
13. Naître de nouveau, d'en haut
14. La Trinité, limite des formulations théologiques
15. Seigneur, montre-moi mon péché!
16. Faut-il plaindre Dieu?
17. Est-ce que tu pries avant chaque séance?
18. "Feed back..."
19. Ton jugement n'est pas juste ...
20. Péché "originel"
21. Solstice d'été
22. Le courage d'être doux
23. Marthe, maîtresse de maison
24. Imposition des mains
25. JMJ: spectacle avec vedette, ou liturgie?
26. Eucharistie et partage
27. Petite maladresse
28. Jésus et la maladie
29. Adoration: Dieu présent
30. David, Saül, Jésus, Paul
31. Dire merci, c'est rendre Dieu présent.
32. Deux composantes en l'homme, pas trois...
33. Dialogue entre religions, s'inspirant d'Isaac le Syrien
34. Un témoignage de chant en langues
35. Jésus ton enfant

36. Réconciliation
37. Abel, liberté de l'élection
38. Je te confie mon coeur
39. C'est quoi, un miracle?
40. Je te salue, Marie
41. Je ne suis pas digne
42. Demander pardon par écrit?
43. Habille-toi de joie!
44. Laisser Dieu libre en moi!
45. "Ceux que nous n'aimons pas assez"
46. Présences...
47. Coeur donné, coeur partagé!
48. Anges gardiens
49. Critique, mépris
50. Pentecôte et Horeb
51. "Il en est de présents ici qui ne connaîtront pas la mort..."
52. La guérison n'est pas un dû
53. "Elle ne pouvait pas pécher"
54. Trois jours, à 12 ans
55. Esprit; groupes de prière
56. "Selon les lignes montantes"
57. Psychologie et... exégèse!
58. Marie, toute amour
59. Avec quel esprit jugeons-nous?
60. Dieu très haut et très bas: une approche de la Trinité
61. Encore la louange...
62. Pardon, blessures


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