Pour pardonner, donner !

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".. pardonnons à ceux qui nous ont offensés..."

 

Pardonner, c'est mon affaire !


Le pardon est nécessaire à la vie en communauté, ou en couple.

Mais j'ai longtemps vécu avec une erreur dans ma tête: je pensais que c'était à l'autre, qui m'avait offensé, de venir me demander pardon: que c'était cela, vivre le pardon entre chrétiens !

Donc j'attendais !

Mais, d'abord, l'autre n'a pas forcément conscience qu'il m'a offensé ! Et puis, surtout, ce n'est pas cela que dit le Notre Père; il ne dit pas: allez demander pardon à ceux à qui vous avez fait du tort. Il dit: pardonnez !

 

Pardonner, ce n'est pas forcément parler !


Une autre difficulté que j'avais, c'est que je n'avais pas envie d'aller trouver l'autre en lui disant: "Tu sais, tu m'as offensé, je te pardonne!"

Et j'avais raison !

Car d'abord l'autre peut être fort surpris, voire offensé à son tour, que l'on vienne lui raconter cela; cela demande infiniment de délicatesse, et l'on ne connaît pas toujours assez l'autre pour éviter d'augmenter les malentendus.

Et aussi, cela demande beaucoup de temps, en tout cas pour moi: cela suppose d'avoir digéré l'offense, la souffrance ressentie, d'avoir pris du recul; de pouvoir en parler de façon un peu détachée.

Et en attendant, on traîne son insatisfaction intérieure, et aussi une gêne par rapport à celui ou celle à qui, de fait, on en veut, même si on voudrait ne pas en vouloir.

 

Pour pardonner, donne !


Face aux agressions que l'on subit, aux torts que l'on vous fait, face, en somme, à tous ceux à qui l'on en veut, il est normal de ressentir des sentiments - parfois violents - de rejet, de mécontentement, voire de fureur. Et il n'est pas vraiment possible de les refouler, c'est à dire d'essayer de les oublier, de se lancer dans je ne sais quelle lutte intérieure pour en refuser la présence en soi.

Mais si, parce que l'on aime Jésus et qu'on veut le suivre, on cherche comment changer son coeur, et se tourner vers l'autre "autrement" (cf. l'interprétation par Marie Balmary de "tendre l'autre joue"), on peut découvrir par exemple ceci: que la louange, d'abord (se réjouir de ce qui arrive - voir "Puissance de la louange" de Merlin Carothers), puis l'action, vont nous nettoyer de tous nos sentiments mauvais.

Quelle action? Une action paradoxale, évangélique:

Chercher ce que l'on peut faire de bien pour l'autre. Lui faire un cadeau !

Pour cesser d'en vouloir, donne ! Fais quelque chose pour celui ou celle à qui tu en veux !

Donc, ne pas se contenter de penser à lui positivement, mais agir en sa faveur d'une façon ou d'une autre; l'image que l'on a de lui change alors totalement, tant il est vrai que nos actes renforcent nos pensées (cf. George Weinberg "Self Creation").

On pense ici à Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, face à la religieuse si difficile à supporter. Son sourire était une action, et cette action changeait le coeur et la vie de Thérèse: quittant les brouillards des rancoeurs ou des conflits, elle entrait dans le royaume du Père, qui donne son soleil aux bons comme aux méchants.

 

Fais des cadeaux à ceux à qui tu en veux,

Sois reconnaissant à ceux qui te font du mal;

ainsi seras-tu le fils (la fille) de ton Père des cieux:

tu auras en toi, rapidement, la paix du coeur et le bonheur.

 

29 Juillet 1998

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15 avril 2002
J'ajoute à ce texte deux remarques, à ne pas dissocier l'une de l'autre:

- Au niveau psychologique, il sera intéressant de se reporter au texte de Jacques Salomé "Réflexions sur le pardon" (http://www.j-salome.com/02-methode/0206-themes-application/themes.php et cliquer sur "maladie" puis sur "réflexion sur le pardon"), qu'il convient de comparer au texte ci-dessus...
- L'articulation entre ces deux textes se fera plus aisément si l'on garde en tête la remarque sur les
relations entre psychologie et spiritualité figurant sur ce site dans les "Notes et matériaux" (http://plestang.free.fr/notes.htm#12): qui veut faire l'ange fait la bête; il faut d'abord comprendre, et éventuellement appliquer ce que dit Jacques Salomé, avant d'aller éventuellement plus loin.

 

- Voir dans le "Journal de Philippe Lestang" des notes annexes à cette page.

- Voir aussi sur ce site: "Malentendus de la réconciliation", et certains paragraphes du texte "Que mes désirs rejoignent tes désirs", ainsi que les notes 36, 42 , 45 et 62.

 

25 novembre 2002
- Venant de lire le livre de Paulette Boudet "Ce combat n'est pas le tien" (voir présentation dans ma "
bibliothèque"), je constate qu'elle propose, dans un chapitre détaillé fort utile, une approche voisine, centrée sur la prière pour l'autre: pour que l'autre soit béni en toutes choses.

 


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