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5 octobre 2001: Le christianisme, en quelques lignes...
20 août 2001: Elie à l'Horeb: Dieu n'était pas dans la brise légère
13 mai 2001: Une messe au prieuré
22 avril 2001: Laisser glisser son petit moi ...
3 avril 2001: Le fruit de votre amour; ne nous soumets pas ..
1° avril 2001: Rite et sacrement
30 janvier 2001: Volonté
9 juin 2000: "Il y a quelqu'un qui veut te parler !
29 juillet 1998: Notes complémentaires au texte "Pour pardonner, donner!"
27 mars: conflits et liberté.
23 mars: Par amour; "qualifier" nos jugements.
23 mars 1998
Par amour...
Lorsqu'on hésite à faire une remarque à
quelqu'un, à lui faire des commentaires sur son attitude ou
sur ce qu'il a dit ou fait, et qui nous pose problème, une
bonne règle, toute simple, est de se dire: Ce commentaire que je veux lui faire, est-ce par
amour pour lui que je veux le lui faire? Est-ce avec
amour?
Par amour, j'entends ici: avec la chaleur du
coeur qui fait qu'on ressent vraiment l'autre comme quelqu'un de bon,
comme quelqu'un pour qui on est prêt à donner sa
vie.
Sinon, en ce qui me concerne en tout cas, j'estime qu'il vaut mieux
se taire. Il ne faut pas que la phrase classique "C'est pour son
bien/ pour ton bien" dissimule notre idée sur l'intérêt
général, qui n'est
qu'une abstraction.
Je sais que je vais ici plus loin que beaucoup, qui peut-être
croient savoir mieux que l'autre quel est son bien.
Agir vraiment par amour, parler seulement quand on a pour l'autre une très grande sympathie, peut en tout cas servir de repère: est-ce mon bien que je cherche, ou celui de l'autre ?
Ce qui me rappelle une phrase d'un livre de Frank Herbert ("Dosadi", p.100) :
A celui qui prétend s'ériger en juge, il convient de poser la question suivante:
"En quoi avez-vous personnellement été offensé?"
Et le juge, à partir de là, devra commencer à poser ses questions aussi bien vers l'intérieur que vers l'extérieur.
***
"Qualifier" nos jugements
J'ai, je dois l'avouer, une
fâcheuse tendance à porter parfois,
intérieurement en tout cas, des jugements à
l'emporte-pièce sur les gens ou sur leurs activités:
"untel m'énerve"; "l'attitude de untel pose vraiment
problème", etc.
Il m'est venu l'idée que je pouvais
essayer de qualifier ce jugement, de le délimiter en
somme, pour spécifier le domaine dans lequel
ce problème que je ressens se pose.
Au lieu de dire "ce texte n'a pas de sens", essayer de dire "ce texte
n'a pas de sens du point de vue
de.. (etc.)".
En délimitant ainsi le jugement que
l'on porte, en le spécifiant et le relativisant en quelque
sorte, par le fait qu'on le rattache au contexte que l'on a en
tête, on devient capable de voir aussi ce que cette personne,
ce texte, ce produit, etc. peut avoir de bien.
Ainsi, en ayant complété sa réaction
spontanée par un simple qualificatif qui en spécifie la
raison ou le domaine d'application, on passe de l'absolu ("bien",
"mal") au relatif, à la nuance.
27 mars 1998
Conflits et liberté
Dans "Macworld" d'Avril 1998 (page 146),
Manuel Aries écrit que nos comportements sont en partie
déterminés par le refus de la souffrance et la
recherche du plaisir (il donne notamment des exemples de
déterminations biologique, sociologique ou psychologique),
mais qu'un acte volontaire, libre, peut apparaître lorsque
l'homme se trouve en présence d'une valeur supérieure
devant laquelle il accepte de sacrifier son propre
intérêt.
"Bien sûr, ajoute-t-il, les
valeurs varient selon les cultures. Pourtant, derrière leurs
différences, toutes sont unanimes: il est mal de se servir des
autres. Il y a chez l'Autre un je-ne-sais-quoi qui nous interdit
d'user de lui comme bon nous semble et qui nous rappelle que nous
avons un devoir envers lui et que nous en sommes responsables. C'est
uniquement dans les moments où nous prenons conscience que nos
désirs se trouvent en contradiction avec quelque chose qui
nous dépasse, que surgit alors l'acte libre et que nous
accédons pleinement à notre condition
d'homme."
Ceux qui ne croient pas à la liberté de l'homme diront qu'il s'agit là d'une programmation génétique de niveau plus élevé, et donc je ne suis pas sûr que Manuel Aries démontre autant qu'il le voudrait. Son exposé me semble cependant intéressant par sa clarté, et aussi par l'ouverture qu'il permet (on va dire que je le récupère ! ;)) vers ce que je crois être la conception chrétienne de la liberté.
"Sacrifier son intérêt", en vue d'une vie plus élevée (voir par exemple à ce sujet le texte "Vivre sous la conduite de l'Esprit"), et à la limite même accepter la mort, peut sembler n'être qu'un automatisme de plus. Le chrétien y voit la condition de la liberté, et donc déjà un choix responsable: "Va, vends ce que tu possèdes, puis viens, suis moi!" (Mt 19,21).
La liberté est d'abord cette décision de la foi, de faire confiance à Dieu et de s'en remettre à lui, et surtout, ensuite, le résultat de cette décision: l'entrée dans une façon nouvelle de vivre; dans la "vie éternelle".
29 juillet 1998
Notes complémentaires au texte "Pour pardonner, donner!"
Dans le texte "Pour pardonner, donner!", je mentionne divers livres, sans donner les références ni aucune explication.
Marie Balmary, dans son livre "Le
sacrifice interdit" (Grasset 1986), propose (pages 185-187) une
interprétation du "tends-lui l'autre joue" (Mt 5,39) qui
consiste à me présenter "autre" à celui qui m'a
frappé; d'où ma rédaction "tourne-toi vers lui
autrement".
Le livre de Merlin
Carothers "Puissance de la
louange" (Editions Foi et Victoire, 76170 Lillebonne) est bien connu
notamment dans les milieux charismatiques. Il est un de mes livres
essentiels. Une prière
basée sur ce livre figure
dans la page "prières" de mon site. Les pages Puissance de la
louange sont principalement
basées sur ses idées.
Le livre de George
Weinberg "Self Creation" (St
Martin's Press, New York 1989) est largement diffusé aux USA,
mais n'est pas disponible en français (une traduction en a
été faite et est épuisée, mais elle est
à mon avis insuffisamment fidèle).
Le principe de base affirmé par George Weinberg est le suivant (p. 13, traduction Ph.L.):
"Chaque fois que vous agissez, vous renforcez en vous les idées qui vous ont poussé à agir".
Le reste du livre, fort utile, n'est que le développement de cette affirmation.
Enfin l'attitude de Thérèse de Lisieux face à la religieuse acariâtre est
décrite dans l'histoire d'une âme, dans le 3°
manuscrit, juin 1897 à Mère Marie de Gonzague, un peu
avant le milieu (page 260 dans l'édition des "Manuscrits
autobiographiques" du Livre de vie).
9 juin 2000
- "Il y a quelqu'un qui veut te parler"
- "Ecoute, je suis très occupé, qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qu'il veut? Qui est-ce?
- "C'est Dieu"
- "Ah .. Je peux lui consacrer 5 minutes, pas plus.
Il faudra qu'il me dise ce qu'il a à me dire en quelques minutes..."
30 janvier 2001
Volonté
Le livre "Trente minutes pour Dieu" (André Sève, Bayard/Centurion 1974), dont j'ai déjà parlé dans la page "Quel homme veux-tu être pour les autres", comporte de nombreuses réflexions fort utiles.
En voici une sur la volonté (p.72):
J'ai beaucoup parlé de "vouloir". Il ne s'agit pas d'une tension violente vers une possession ou vers un progrès. C'est l'idée que l'on se fait souvent de la "volonté". Non, dans l'oraison, il s'agit de la volonté-amour, de la force d'amour très stable et tranquille avec laquelle nous adhérons plus ou moins clairement à quelque chose que Dieu nous propose. Nous sommes alors changés à un niveau vital. Dieu agit sur notre être même, par notre volonté qui a adhéré à la sienne.
La recherche fondamentale de l'oraison, c'est ce contact des volontés. Notre volonté se conforme, par amour, à ce que Dieu veut pour nous et par nous. Et notre volonté ensuite conforme notre vie à ce qu'elle veut désormais comme Dieu le veut. Tout cela se passe dans un non-senti que nous appelons vide parce que nous ne sommes pas sur les territoires habituels de la conscience et de la sensibilité.En fait, ce sens du mot volonté existe dans la vie courante; par exemple quand on demande à quelqu'un: "Est-ce bien là votre volonté?". Il ne s'agit pas dans ce cas d'une "tension violente vers une possession ou vers un progrès".
La volonté, c'est d'abord de dire oui! (de façon "stable et tranquille", comme dit André Sève). Tout le reste se fera par surcroît.
1° avril 2001
Rite et sacrement
Lors d'une réunion paroissiale à laquelle je participais hier, il a été suggéré de remplacer, pour les couples qui ne sont vraiment pas croyants, le sacrement du mariage par une cérémonie de bénédiction ne comportant pas de valeur sacramentelle, ne serait-ce que pour ne pas engager ces couples à quelque chose qui ne correspond pas à ce qu'ils croient.
"On a essayé à quelques endroits, nous a répondu un prêtre, mais cela n'a pas été convaincant: la raison en est le malentendu entre sacrement et rite.
"Les gens viennent pour un rite, et on leur donne un sacrement. Même si on fait une simple bénédiction ils ont la conviction ensuite d'avoir reçu le sacrement.
"Ils veulent accomplir une démarche rituelle.
Un autre exemple que ce prêtre avait connu comme aumônier militaire est la communion: "que de fois ai-je «fait faire leur première communion» à des musulmans, lors de l'enterrement d'un de leurs camarades. Ils viennent participer à une cérémonie, et pour eux il est normal de participer à l'ensemble du rite".
Cela dit, du point de vue de la discipline sacramentelle, le cas du mariage porte bien plus à conséquence: si ces personnes peu ou pas croyantes se convertissent ensuite après un divorce, il ne leur est plus possible de se marier à l'église.. La question d'une bénédiction se pose vraiment.
3 avril 2001
Le fruit de votre amour; ne nous conduis pas ...
Dans "Messages du Secours Catholique" de janvier dernier, le courrier des lecteurs portait sur la phrase "le fruit de vos entrailles" dans le "Je vous salue Marie". Une lectrice faisait remarquer que c'est peu facile à comprendre pour un enfant. Un lecteur indiquait que, même dans les récitations publiques, il remplace cette phrase par "le fruit de votre amour". Un avantage, c'est que le nombre de syllabes est exactement le même et que le vouvoiement est maintenu (homogénéité avec le reste du texte).
On n'est peut-être pas assez attentif au fait que les prières soient compréhensibles par les enfants... Pour le "Notre Père", le débat sur la phrase "et ne nous soumets pas à la tentation" ne prend généralement pas en compte cet aspect. Si l'on cherche en outre à conserver le même nombre de syllabes (pour ne pas perturber la récitation en commun), on peut penser à des phrases telles que "et ne nous conduis pas dans la tentation" (traduction TOB; voir note correspondante de la TOB en Mt 6,13).
Cela reste, je trouve, difficile à comprendre, et pas seulement pour des enfants!Le mot grec utilisé signifie aussi "épreuve". Cependant l'exégèse semble penser qu'il s'agit bien ici de tentations, et non d'épreuves de toutes sortes.
Le singulier "tentation" est une sorte de personnification de la tentation. Je verrais bien personnellement: "ne nous conduis pas vers des tentations" (ou "dans les" tentations), c'est à dire, de même que nous te demandons du pain pour la journée, nous te demandons que notre itinéraire ne nous amène pas à rencontrer trop de tentations...
22 avril 2001
Laisser glisser son petit moi ...
Dans "Le Centre de l'Être" (Albin Michel 1996) Karlfried Graf Dürckheim parle, page 49, du "Hara", aspect du zen qu'il commence par décrire à travers l'exemple suivant (les caractères gras sont de moi):
"Un beau jour (..) j'étais furieux contre quelqu'un qui m'avait joué un mauvais tour. Je me trouvais dans un de ces états ignobles de l'homme qui voudrait étrangler un autre homme! Dans cet état de nervosité je me suis souvenu d'avoir lu quelque part que si un japonais se trouve dans un état pareil, il laisse glisser son petit moi de haut en bas! A l'instant même, je pouvais faire cela et voilà que cette situation ne me regardait plus! Je voyais la situation avec une certaine distance. L'autre était encore un méchant mais ça ne me regardait plus de la même façon."
Je pense toutefois que l'attitude de louange et la prière d'union vont plus loin, et sont aussi plus efficaces! Au lieu d'ignorer l'autre, elles me rapprochent de lui.
Faut-il d'ailleurs se rapetisser ainsi soi-même? Ou au contraire élargir son coeur aux dimensions du monde qui nous entoure...
13 mai 2001
Une messe au prieuré
Près de chez nous, quelques moines détachés de leur ordre très ancien pour être "dans la ville", et qui ne sont pas chargés d'une paroisse, accueillent pour la messe dominicale des gens des environs, qui préfèrent aller là.
Messe non-typique s'il en est: pas de "gloria"; une seule lecture au lieu de deux; le sermon remplacé (ce qui se voit aussi ailleurs) par un échange au sein de l'assemblée; pas de credo; canon fort écourté et modifié; tout au long de la messe, le célébrant adapte ou change les textes en fonction des messages qu'il souhaite faire passer, et de sa propre théologie... Pour la communion, patènes et calices circulent dans l'assemblée, puis ce qu'il en reste est posé sur une desserte à l'arrière, et ne sera rangé ou consommé qu'après la messe.
Discutant récemment avec un ami proche, je lui disais combien j'appréciais quand le prêtre prend le temps, en divers moments au cours de la messe, de rajouter une petite phrase pour personnaliser la prière, notamment en fonction des lectures du jour. Oui, me disait mon ami, mais on a vu parfois des dérives trop fortes. Eh bien je me demande s'il ne jugerait pas ainsi ce que j'ai vu aujourd'hui.
En réalité, la diversité liturgique est souhaitable! Et, plus que cette célébration hors normes, dont le principal risque est de diviser les catholiques entre eux (paroisses, contre communautés chaudes et expérimentales), c'est le modèle sur lequel fonctionne l'Eglise qui est le vrai problème.
L'Eglise semble n'avoir su maintenir l'unité qu'en imposant des modèles venus "d'en haut" (j'entends: de Rome). Or l'équilibre entre diversité et unité devrait idéalement se régler de façon beaucoup plus souple.
Idéalement, une certaine diversité étant la règle et la richesse étant dans les initiatives prises à la base, les responsables devraient enquêter, dans un esprit absolument non critique, sur les pratiques des communautés, et un dialogue devrait avoir lieu à ce sujet. Des recommandations (j'entends: non obligatoires) seraient alors émises pour "essayer de redresser la barre", s'il apparaît que des modifications trop importantes ou trop fréquentes mettent en péril la continuité de la tradition et l'unité des catholiques (on pourrait parler de l'unité des chrétiens, mais ce serait un autre sujet).
Cette approche, d'enquête humble et de recommandation véritablement fraternelle, suppose un modèle d'Eglise où le mot "service" ait complètement pris sa place. Où il n'y ait plus de "hiérarchie", mais des postes fonctionnels, non autoritaires. Je rêve, bien sûr!
Pour quelques questions, une autorité reste certes nécessaire (ne serait-ce par exemple que pour nommer des prêtres ici ou là). Mais l'autorité devrait être l'exception, et le fonctionnement en réseau la règle.
On y va peu à peu, je pense, au moins dans certains diocèses, où prêtres et laïcs fonctionnent, au plan local, en équipe fraternelle. Utiliser une approche analogue au niveau du diocèse lui-même est possible pour certains sujets. Mais peut-être, pour la liturgie, faudra-t-il attendre que ce modèle soit arrivé à Rome.
20 août 2001
Elie à l'Horeb: Dieu n'était pas dans la brise légère ...
Le passage du livre des Rois (1 R 19,11-13) est bien connu: il y a un tremblement de terre, mais le Seigneur n'est pas dans le tremblement de terre; il y a un feu, mais le Seigneur n'est pas dans le feu, etc.
Venons en à la brise légère (plus exactement au "bruit d'un silence ténu"): le Seigneur est-il dans le "bruit de ce silence"?
Certains commentateurs le laissent entendre (Bible de Jérusalem par exemple).Il me plaît davantage personnellement de supposer que cette brise est simplement la dernière étape préparatoire: Elie sent que Dieu va venir.
Mais Dieu, me semble-t-il, est au delà de tout ce qui est perceptible.
5 octobre 2001
Le christianisme, en quelques lignes ...
Une internaute que je ne connais pas m'écrit:
>Bonjour j'aimerais savoir quelles sont les valeurs, les pratiques religieuses
>ainsi que les croyances des chrétiens? Merci de me répondre le plus vite possible.Bonjour amie,
Les chrétiens ont pour modèle Jésus, homme qui a vécu il y a 2000 ans en Palestine/Israël, et dont les enseignements (l'amour de ceux qui nous entourent) et la vie sont racontés dans les évangiles, qui sont une des parties de la Bible chrétienne.
Les premiers chrétiens ont commencé à répandre leur doctrine lorsqu'ils ont été convaincus que Jésus était redevenu vivant après sa mort.
C'est la conviction fondamentale des chrétiens: Jésus est ressuscité; et il propose aux hommes, en vivant selon cet amour, de vivre d'une vie plus forte que la mort: heureux même dans les épreuves, et sûrs que l'existence continue après la mort.
Le mieux pour connaître les valeurs des chrétiens, et pour comprendre ce qu'est cet amour dont ils parlent, est de lire un évangile, par exemple celui de Saint Luc, pour voir ce qu'est "l'amour selon Jésus".
Les pratiques religieuses des chrétiens sont différentes selon les groupes de chrétiens; car il y a eu petit à petit des divisions.
Tous les chrétiens prient, et en particulier récitent le "Notre Père"
Les chrétiens se réunissent le dimanche et chantent leur joie d'être "sauvés" c'est à dire de pouvoir, grâce à la vie de Jésus et à la force de son esprit, changer leur coeur et devenir si possible des "saints", des personnes entièrement habitées par l'amour.
Je reste à votre disposition.
Note: Ce journal est désormais remplacé, sauf en ce qui concerne la "bibliothèque personnelle", par le nouvel ensemble de pages "Notes et matériaux".