Forums et listes de discussion sur Internet

 


Ce texte présente les différentes techniques existant en matière de discussion ("forums") et de diffusion d'information par courrier sur Internet. Elle étudie ensuite plus en détail les aspects propres aux listes de discussion.

Les objectifs de cette présentation sont à la fois d'aider l'utilisateur novice à s'y retrouver, et de contribuer à une réflexion sur la façon d'utiliser ces divers moyens de communication.

Les lecteurs qui relèveraient des erreurs ou des lacunes dans le texte qui suit peuvent bien volontiers me les signaler.

 

1 - Présentation d'ensemble

Il existe principalement deux types de discussions sur Internet: les forums publics, et les échanges par courrier.

a - Forums

- Les plus connus de ces forums sont les "newsgroups", groupes de discussion publics; on n'en parlera pas en détail ici. Ils permettent à n'importe qui d'avoir accès au contenu des discussions, et sont consultés, en ligne ou hors ligne, avec des logiciels ou morceaux de logiciels spécialisés.

- Mais il existe aussi, sur un certain nombre de sites web des forums spécialisés, créés par le responsable du site à l'aide de logiciels tout à fait différents des newsgroups. Contrairement aux newsgroups, il n'est pas possible, sauf en utilisant des robots de collecte de pages web - et encore pas dans tous les cas - , de consulter ces pages hors ligne (c'est à dire de ramasser leur contenu automatiquement pour les lire après s'être déconnecté). Et encore faut-il un robot capable de sélectionner uniquement les pages plus récentes que la date à laquelle on s'est branché la dernière fois, faute de quoi il ramasse tout le passé à nouveau à chaque fois; je ne sais pas si de tels robots existent.

b - Listes de discussion (sous forme continue ou sous forme de "digest")

Le principe habituel des listes de discussion (en anglais "mailing lists") est simple: il faut s'inscrire (en écrivant à une certaine adresse mél), et un automate (parfois appelé en anglais "exploder") répercute, dans les boites à lettres de tous les inscrits, les messages qui lui sont envoyés par les membres de la liste.

Il n'est donc pas nécessaire de se brancher spécialement sur le site d'un forum ou sur les newsgroups, ou de demander à un logiciel de collecter les débats qui ont eu lieu: on reçoit directement dans sa boite ce qui a été écrit par les autres, chaque fois que l'on se branche, ou bien une fois de temps en temps si le mode "digest" existe et si on l'a choisi.

Les listes de discussion sont un procédé extrêmement répandu, et c'est celui qui est utilisé de préférence par de nombreuses communautés professionnelles: d'autant que des listes complètement fermées peuvent exister, auxquelles il n'est pas possible à des personnes extérieures de s'inscrire.

Pour consulter une liste de "mailing lists", voir par exemple à l'adresse ci-après, qui en décrit plusieurs milliers (anglophones dans la plupart des cas) : http://www.NeoSoft.com/internet/paml/

En ce qui concerne les listes francophones et les principes de fonctionnement des listes, se reporter au très intéressant site suivant: http://www.cru.fr/listes/

On reviendra plus en détail dans la deuxième partie de cette note sur le fonctionnement des listes de discussion.

c - Une brève comparaison

Une comparaison détaillée des avantages et inconvénients des forums publics et des listes de discussion dépasserait le cadre de ce texte.

Disons que souvent les contributions sur les forums publics sont plus brèves - parfois trop - et sont quelquefois très "spontanées" (réaction immédiate à ce qu'on vient de lire); l'approfondissement d'un sujet y est assez rare.

De leur côté les listes de discussion encombrent parfois la boite à lettres de nombreux messages (sauf dans les formules "digest"), mais le groupe de participants est assez fermé (ce qui n'est qu'exceptionnellement le cas dans les forums), et la qualité des contributions est souvent meilleure; par ailleurs seuls les membres inscrits ont accès aux contributions, sauf si elles sont stockées publiquement, ce qui n'est pas le cas habituel.

d - Listes de diffusion

Le but des "listes de diffusion" est de transmettre à un certain nombre de destinataires des informations nouvelles. Ici la transmission se fait dans un seul sens.

Ces "listes" sont comme la prose de Mr. Jourdain: tout le monde les utilise sans y faire spécialement attention; mais il est intéressant de penser à les utiliser plus qu'on ne le fait en général.

Les entreprises (notamment dans le domaine informatique) utilisent largement ce type de listes pour tenir leurs clients informés des améliorations apportées à leurs produits. Et les publicitaires en font leur régal: dans ces cas-là on reçoit en général l'information sans avoir demandé à la recevoir... ; et il n'est pas toujours facile de se faire supprimer de la liste !

Mais des formules où les destinataires sont demandeurs existent aussi. En particulier de telles listes peuvent permettre de signaler les changements apportés à un site web.

Un des meilleurs exemples à ce sujet est constitué par le journal "Libération", dont la lettre (mél) hebdomadaire, gratuite, informe sur les nouveautés apparues sur le site: et ces nouveautés en valent souvent la peine (texte intégral du premier chapitre de nouveaux livres, dossiers non parus dans le journal, etc.).

Ici tout le monde est gagnant: on ne reçoit la "liste de diffusion" que si on le souhaite; et le gestionnaire du site en tire une fréquentation accrue de ses pages.

A chacun d'imaginer des cas où il peut ainsi diffuser, soit une information résumée, soit même des textes assez longs: si les destinataires sont intéressés, pourquoi pas?

Une petite difficulté peut surgir pour les gestionnaires de sites ayant plusieurs centres d'intérêt, c'est à dire dont le site couvre plusieurs domaines différents: le public intéressé par chaque morceau du site n'est pas nécessairement le même; une "liste de diffusion" informant sur les nouveautés devra tenir compte de ce fait, pour éviter de surcharger les destinataires avec des informations non souhaitées.

 

2 - Aspects détaillés des listes de discussion

Comme je l'ai laissé entrevoir dans la comparaison faite plus haut, je préfère personnellement les mailing lists aux autres types de discussions sur Internet.

Cela dit, ces mailing lists ne vont pas sans problèmes, et je voudrais en mentionner certains ici, pour l'information de ceux qui y participent, et la réflexion de ceux qui les animent.

J'évoquerai ensuite le cas des listes de discussion "non automatiques", qui est également une formule envisageable si on a le temps de s'en occuper.

 

a. Comment fonctionne une liste de discussion

Pour créer une véritable mailing list, il faut utiliser, sur le serveur du prestataire Internet, un logiciel spécialisé (il en existe 4 ou 5). Ou bien on est soi-même serveur (cas de nombreuses entreprises ou universités américaines), et on gère le logiciel soi-même; ou bien on fait appel à un professionnel: beaucoup de prestataires Internet offrent ce service, pour plusieurs milliers de francs français par an en général. Un point essentiel, on y reviendra ci-après dans le "b", est la qualité de la gestion assurée par ce logiciel.

Si la liste est "modérée", un responsable fournit le cas échéant au logiciel la liste des gens interdits d'accès, ou, si la liste est fermée, la liste des seules personnes autorisées.

Le contrôle par le "modérateur" de ce qui est dit sur la mailing list est en général "a posteriori" lorsqu'il s'agit d'une mailing list automatisée: il raie de la liste, temporairement ou définitivement, les personnes qui persistent à parler hors sujet (puisque toute mailing list a un sujet) ou à tenir des propos jugés inacceptables par la majorité des autres participants.

 

b. Quelques problèmes

Mon expérience, assez longue, de participation professionnelle et personnelle à des mailing lists ouvertes ou fermées, me montre que la gestion informatique d'une telle liste est loin d'être évidente, compte tenu de la complexité d'Internet.

Avec quelle surprise n'ai-je pas constaté, à plusieurs reprises, que des entreprises américaines spécialisées dans l'informatique qui géraient de telles listes n'arrivaient pas, brusquement et alors que tout marchait bien auparavant, à re-paramétrer ou à refaire fonctionner correctement le logiciel: plantages, perte de la liste des adhérents, interruption de service parfois de plusieurs semaines !

En outre les prestations qu'offre le logiciel peuvent être assez diverses, et il convient d'être attentif, en cas de contrat avec un prestataire, à ce que le logiciel permet de faire.

Du point de vue Internet le logiciel doit éviter autant que faire se peut les intrusions extérieures (publicités, etc). On constate que les procédures d'inscription sur la liste varient d'un logiciel à l'autre, et que seules les listes de très haut de gamme procèdent à des vérifications croisées (demande de confirmation de l'inscription) qui évitent, je suppose, que des automates publicitaires puissent diffuser de l'information sur la liste.

Du point de vue des utilisateurs, une première question est la possibilité de s'inscrire sous la forme "digest"; il y a des listes (rares) où ceci n'existe pas. Certains utilisateurs préfèrent cette formule, qu'une liste se doit d'offrir.

Plus lancinants sont le problème des désinscriptions, et celui des courriers manqués.

Il est assez fréquent sur certaines listes, et vrai dans la plupart, qu'un utilisateur peut être désinscrit sans l'avoir voulu: simplement parce que, un jour donné, le message qui lui était destiné a été refusé, et est revenu à l'émetteur. Selon le logiciel, il y a alors, ou non, désinscription automatique, assez souvent à tort. Il ne reste plus à l'intéressé qu'à s'inscrire à nouveau lorsqu'il s'en rend compte.

Entre temps, on a manqué une partie de la conversation, mais:

- on ne sait pas ce qu'on a manqué; et
- il n'y a en général pas de moyen commode de se procurer ce qui vous manque: il faut mendier auprès d'autres membres de la liste.

Il peut aussi arriver, rarement, qu'un message n'arrive pas sans qu'on le sache: on continue à recevoir des messages, mais il y en a un qui manque entre temps... C'est aussi cela, Internet !

La seule parade correcte que je connaisse suppose, de la part du responsable de la liste, d'utiliser le mode "digest" et de :

- numéroter les envois successifs du digest; si par exemple le digest est quotidien, et s'il y a un jour sans envoi parce qu'aucune contribution n'a été proposée ce jour là, le digest diffusé 2 jours plus tard porte le numéro n+1 et on sait que l'on n'a rien raté.
- mettre à disposition une source où l'on peut se procurer les numéros que l'on a manqué. Mais je dois dire que je ne connais pas de liste qui propose cela ! (sauf certaines listes gérées manuellement).

Un dernier point: dans certains cas il est - malheureusement à mon avis - possible aux membres de la liste (et à d'autres personnes?) d'avoir communication, en envoyant une commande particulière au serveur, de la liste des personnes inscrites. Certains serveurs proposent que l'on puisse ne pas apparaître sur cette liste (l'équivalent de la "liste rouge" du téléphone). Mais il existe peut-être des cas où cette faculté de se cacher n'existe pas: se renseigner sur le logiciel, et pas seulement auprès du prestataire (qui pourrait avoir tendance à en cacher les défauts !)

Ce bilan peut sembler assez négatif: beaucoup dépend, comme indiqué plus haut, de la qualité de la gestion informatique et du logiciel. C'est pourquoi il faut sans doute éviter de s'engager pour trop longtemps avec un prestataire (une liste qui marchait bien peut se mettre à mal marcher, à cause d'évolutions techniques), et surtout recevoir du prestataire une copie toujours à jour de la liste des destinataires (membres de la liste) pour pouvoir les informer si on change de serveur !

Cela dit je suis loin d'être un spécialiste des aspects techniques, et serais bien incapable d'aider quelqu'un qui voudrait me demander conseil: je n'en sais pas plus que ce que j'ai écrit ici !!

 

c. Liste gérée manuellement

(Solution du pauvre qui a du temps : mais cela peut donner une qualité supérieure!)

Gérer une liste de discussion à partir d'un simple logiciel "client" de courrier électronique, tel que chaque abonné à Internet en a un (p.ex. Eudora, Netscape, etc.), est assez facile: cela demande surtout du temps, et d'être très méthodique.

J'ai lancé, avec l'aide de quelques correspondants qui sont devenus des amis, une telle initiative en mai 1997. Cette liste ("Echanges chrétiens sur le Net" ou "ECN") marche très bien.

La méthode retenue dans le cas d'ECN est la suivante:

- la liste est diffusée uniquement sous forme "digest" (un tous les 8 à 10 jours seulement au départ, plus fréquemment maintenant)

- les envois sont numérotés (ce qui permet d'y faire référence aisément).

- la liste des destinataires, comme dans beaucoup de mailing lists automatiques, n'est pas publique: les envois sont faits en utilisant le champ destinataire "copie cachée" ("Bcc" en anglais).

Le principe est que chacun envoie ses textes au coordinateur, qui les rediffuse quand il y en a assez pour constituer un "numéro" de ce "journal à plusieurs voix".

L'expérience montre que cette formule, qui demande de la part de son coordinateur une bonne attention aux détails techniques (accents, longueurs de lignes, etc.) et l'utilisation dans certains cas de programmes annexes pour nettoyer ce qu'il reçoit (il y a des logiciels de courrier qui envoient des messages très sales!), a conduit à une convivialité assez grande, chacun ayant bien conscience qu'il écrit pour d'autres, au lieu de déverser simplement sa bile sur un automate.

Il s'exerce ici, le cas échéant, un contrôle "a priori" et non a posteriori; en pratique, dans quelques cas rares de contributions susceptibles d'être litigieuses, cela conduit à un dialogue avec les auteurs de contributions.

L'expérience est, je crois, positive; mais une seule expérience de ce type ne suffit pas à prouver que cette formule est viable. Elle devient de toute façon de plus en plus lourde au fur et à mesure que le nombre de participants et de contributions augmente. A noter que mon prestataire actuel n'autorise pas les envois en nombre, et que pour expédier un "numéro" aux 75 et quelques destinataires actuels, je dois fractionner l'envoi en 4 morceaux.

Une autre formule possible, qui a été utilisée, mais de façon épisodique seulement, par une association à laquelle je participe, est de rediffuser les messages au fur et à mesure, et non sous la forme regroupée d'un "digest"; il est vrai qu'il s'agit ici souvent de messages plus techniques ou opérationnels, et non pas d'un échange de réflexions à long terme. L'association est ensuite passée à un système de gestion automatique de liste par un prestataire gratuit proposant beaucoup d'options (en la circonstance, Topica www.topica.com).

S'agissant, dans ce dernier cas, d'une association dont les membres ont tous connaissance des adresses Email des autres membres, les envois sont faits sans cacher ces adresses. Il convient alors que les destinataires fassent attention de répondre au coordinateur, et non d'utiliser le menu "répondre", qui dans certains cas envoie la réponse au seul auteur, de sorte que le reste de la liste et le coordinateur n'en ont pas connaissance. De manière générale, le fait d'avoir un responsable central qui gère les échanges entre les membres d'un groupe privé a plusieurs avantages: gestion unique d'une liste d'adresses à jour (sinon chaque membre du groupe doit tenir jour ses listes); gestion meilleure de la diffusion, renvoi aisé à un participant d'un message qu'il aurait raté, etc.

Un autre problème est la diversité des attentes des participants en termes de nombre et de fréquence des contributions: certains, en France notamment, lisent leur courrier électronique une ou deux fois par semaine seulement, tandis que d'autres sont branchés en permanence; certains trouvent très bien de recevoir 10 messages par jour, tandis que pour d'autres un seul message hebdomadaire, composé de quelques contributions courtes, aurait sans doute la préférence. La solution idéale n'existe pas; on pourrait peut-être imaginer, pour ces derniers demandeurs, de créer des extraits diffusés a posteriori: certains participants deviendraient plus des lecteurs, et le caractère "réservé aux membres" des échanges effectués se trouverait partiellement remis en cause, puisqu'il y aurait des témoins "a posteriori" de ce qui s'est dit de particulièrement intéressant sur la liste; ces extraits pourraient aussi éventuellement figurer sur un site web. Dans le cas de la liste "Echanges Chrétiens sur le Net", cette solution a été refusée par les participants, qui ont souhaité que le contenu des échanges soit réservé aux seuls participants "abonnés".

 

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